ma vie palpiteuse, suite

Il fut un temps où mon idéal de jardin était le cloître, noble modèle. Aujourd'hui, ça serait plutôt le parking, bien goudronné d'un bout à l'autre, avec très peu d'herbe à tondre.

Parmi mes cauchemars de ces dernières nuits, j'ai rêvé que j'étais sur le toit du tram, à l'intérieur d'un tunnel. Il y avait d'autres personnes derrière moi, qui étais à l'avant juste au dessus de la cabine du chauffeur. Nous arrivions à la sortie du tunnel. A cet endroit-là il se rétrécissait pour laisser tout juste passage au tram, de sorte que nous qui le chevauchions, et moi le premier, allions être écrasés. Je frappai la vitre du conducteur. Il arrêta la machine, puis la relança lentement. L'épouvante m'a réveillé. Cette angoisse du danger imminent me paraît liée à la crise actuelle.

Je me demande quel regard nous porterons, dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années, sur ce que nous aurons ressenti ou pensé pendant cette période critique, si nous sommes encore là pour en juger. Estimera-t-on avoir été trop frivoles, ou au contraire trop inquiets?

J'ai voulu photographier les nouveaux aménagements dans mon bûcher favori, pour montrer quelque chose que je suis content d'avoir réalisé, mais il s'est avéré que mon appareil photo est déchargé, et je n'ai pas la prise qui me permettrait de le recharger, elle doit être restée dans mon bureau à la fac. Par ailleurs, ne disposant pas de scanner ici à la campagne, je ne peux plus m'amuser à mettre en ligne sur Facebook ma collection de collages, comme je faisais ces derniers mois. Privé de ces deux appareils, je vis le confinement comme une période d'austérité iconographique. Ce n'est pas très grave, cela m'ennuie moins que le petit accident qui s'est produit avant-hier, le ressort de mon sécateur s'est cassé, rendant ainsi incommode cet outil dont je me sers beaucoup.

J'ai réalisé que je n'avais rien fait sur le site Academia, après m'y être inscrit je ne sais quand. J'y ai déposé mes seuls cinq articles scientifiques, et pour faire bonne mesure cinq brouillons, c'est à dire cinq articles non publiés (ou publiés dans mon journal, ce qui revient au même). Je n'attends pas grand chose de ce réseau social, un de plus, mais sait-on jamais. J'y ai mis une photo de moi où j'ai l'air assez chic, avec ma casquette de chasse en toile verte. Il y a des moments où il faut être un peu frivole, pour se désennuyer.