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Journal documentaire
2 décembre 2017

papiers collés

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Parce qu'on me l'avait suggéré, j'ai voulu lire les Papiers collés de Georges Perros (1960) et j'en ai emprunté une réimpression récente, de la collection L'Imaginaire. Je dois avouer que si le livre m'attirait par sa forme (une collection de notes plus ou moins brèves) il ne m'a pas conquis sur le fond. Cela dès la préface, où l'auteur estime que l'aphorisme est «comme un pet du cerveau» (p 14). Cette indélicatesse n'étonne qu'à moitié, chez celui qui déclare ailleurs «écrire comme il se mouche», mais elle laisse perplexe, dans la mesure où beaucoup de ses propres notes ne sont justement ni plus ni moins que des aphorismes, si je ne m'abuse. Il est vrai qu'il dit aussi : «Je suis sûrement un type agaçant ... Je n'aime pas ce que j'écris. Mais j'écris» (103). Sur ce coup, je suis deux fois d'accord avec lui : je le trouve en effet agaçant, et je n'aime pas souvent ce qu'il écrit. Par contre, je pense que si on n'aime pas ce qu'on écrit, il vaut mieux ne pas écrire. Nombre de ses notes me sont illisibles car je ne comprends tout simplement pas ce qu'il énonce, soit parce qu'il est trop malin pour moi, soit parce qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde. Et parmi celles que j'arrive à lire, peu me convainquent. Il a un goût du paradoxe, et du développement philosophico-poétique nébuleux, auquel je suis allergique. La plupart de ses formules définitives sur l'amour, l'amitié, la femme, l'homme, l'humain, etc, ne me disent pas grand chose. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de scènes prises sur le vif, comme la relation d'une conversation amère avec un jeune marin agressif, dans un café (118). Il a le mérite de se méfier du communisme, à une époque où celui-ci était fort en vogue : «Communisme. Pour le moment c'est de la haine pour ceux qui ne le sont pas qui ressort» (102). Pour racheter mes vacheries, je terminerai en citant ce passage, qui m'a plu : «Le moment de bascule. Entre la vie - enfance - et la mort en vue. On vit étant mort, à partir d'un certain âge. Comme on est arrivé, à l'instant même où pour la première fois depuis des semaines, en mer, on aperçoit la terre» (148).

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Commentaires
D
Les trois tomes des « Papiers collés » m'avaient laissé un sentiment mitigé il y a dix ou quinze ans. Cependant j'empoigne, suite à la lecture de votre note, le premier tome, et je tombe sur :<br /> <br /> « Euphorie. Elle rend possibles ses absences. »<br /> <br /> Bon, il faudra que je le relise, quand même.
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C
Je n'ai pas rouvert récemment les "Papiers collés", mais je me rappelle avoir lu les trois volumes avec bonheur. Peut-être surtout parce que j'ai été touché par le côté humain, le "style naturel" — l'absence, précisément d'apprêt littéraire, Je me rappelle cette scène où G.P. est pris à partie, dans un bistrot breton, par deux marins imbéciles qui s'emploient à ridiculiser "l'intello", le Parisien, c'est-à-dire, pour eux, l'ennemi, le con. Nous sommes tous exposés à ce genre d'humiliation. C'est cette "vérité" qui m'émeut, comme, dans le dernier volume, la souffrance, la maladie, la fragilité. J'ai trouvé cela aussi chez Calaferte... Cette humanité.
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