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Journal documentaire
6 août 2016

mes lectures au lit

Ces derniers jours, j’ai passé une après-midi à essayer de reconstituer sur les pages de mon atlas routier européen, que je n’ai pas encore rangé, l’itinéraire du voyage de Montaigne en Italie, en 1580-81. En me servant d’un marqueur fluo rose, j’ai marqué toutes les villes que je pouvais retrouver, en suivant le calendrier du voyage qui se trouve avant le texte, dans l’édition de la Pléiade. Ce n’était pas facile, parce que certaines localités ne figurent pas dans l’atlas, et parce que le trajet est compliqué. Montaigne et ses compagnons se rendent d’abord au Nord-Est de Paris, puis effectuent tout un circuit à travers l’Est de la France, la Suisse, le Sud de l’Allemagne, le Tyrol, avant de descendre jusqu’à Rome. De plus ils font volontiers des excursions et repassent quelquefois dans des villes déjà visitées. Voilà quelque temps je me suis plongé dans la lecture de ce récit de voyage pas très long, dans les deux cents pages, mais c’est une lecture récréative qui me prendra des semaines, si j’arrive au bout. Il me semblait l’avoir déjà lu, et j’en avais si bien perdu tout souvenir que j’en doutais, mais j’ai retrouvé des phrases soulignées, preuve que j’étais déjà passé par là. J’en suis encore dans la partie rédigée par le secrétaire de Montaigne, qui ne prend lui-même la plume qu’à un certain moment. Ce n’est pas folichon, mais c’est une honnête curiosité. J’aime beaucoup les noms très évidents, très datés, des établissements où les voyageurs font halte : Au Brochet, A la Couronne, A l’Etoile, Au Tilleul. J’aime bien aussi les comparaisons faites avec des lieux de Guyenne : le Rhin à tel endroit est large «comme notre Garonne devant Blaye», et Kempten est «une ville grande comme Sainte-Foy».

J’ai passé une autre après-midi et une soirée a feuilleter en entier le Dictionnaire des mots d’origine étrangère, de Henriette et Gérard Walter, que je connaissais déjà, mais je voulais le passer en revue pour tâcher d’y repérer tous les mots français d’origine tupi, qu’ont relevés ces lexicographes. Ceci pour un projet d’article sur le sujet, auquel je songe depuis longtemps, et pour lequel je dois déjà disposer d’une documentation assez complète. Mais c’est là le genre de vérification pesante, que je n’ai pas le temps ou le courage d’effectuer dans le cours habituel de ma vie laborieuse. Ce dictionnaire est un peu incommode, du fait qu’il est constitué de deux parties essentielles, d’une part un Trésor dans lequel les mots sont commentés et leur origine bien précisée, d’autre part un Complément où les mots sont simplement listés sans explication, et avec une indication d’origine moins précise, en l’occurrence AM pour Langues Amérindiennes, comprenant indistinctement les mots provenant du tupi mais aussi bien de l’eskimo, de l’algonquin, du nahuatl, de l’arawak ou du quechua.

Beato_Jose-Giuseppe-de_Anchieta_J

Et aujourd’hui j’ai passé la plus grande partie de la journée au lit, en la délicieuse compagnie d’une ébauche de traduction qui traîne dans mes papiers depuis des années, et dont je reprends connaissance avec le plus grand intérêt. Il s’agit d’une lettre d’une grosse quarantaine de pages, adressée au siège de la Compagnie de Jésus, à Rome, en 1565, par le missionnaire et linguiste José de Anchieta, qui rendait compte de ses activités auprès des Indiens de la côte brésilienne. Dans ce rapport, il raconte la mission dangereuse qu’il a accomplie pour aider les autorités à conclure la paix avec une tribu hostile. Pendant que des chefs indiens partent négocier avec les chrétiens à Rio de Janeiro, Anchieta et son supérieur Manuel da Nóbrega séjournent comme otages chez les anthropophages, ce qui donne lieu à des scènes hautes en couleur. Mon dossier se compose de deux versions du document très légèrement différentes, que j’avais photocopiées jadis, et d’un cahier de brouillon où j’avais traduit au stylo le premier tiers du texte, que je saisis maintenant sur ordi. J’aimerais beaucoup parvenir à conclure cette traduction, un de ces jours. Mais ce n’est pas demain que j’y travaillerai. Demain je bosse, j’ai brocante.

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