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Journal documentaire
7 août 2020

charles juliet : accueils

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Dernièrement j'ai lu Accueils, volume IV du Journal de Charles Juliet, portant sur la période 1982-1988 (reparu chez POL en 2011), livre trouvé par hasard et qui m'a plu davantage que je ne m'y attendais. Ce qui m'a le moins séduit sont les passages, que j'ai fini par ne plus lire, dans lesquels l'auteur répète sous diverses formes ses vues sur l'introspection, la nécessité d'employer la conscience à ordonner le chaos de la vie intérieure. De même il s'intéresse souvent à des artistes renommés, certes, mais qui ne m'attirent guère, comme Beckett, Giacometti, Soulages ou Duras. Ce que j'ai le plus aimé, ce sont les nombreux portraits qu'il esquisse, d'inconnus dont il trace à grands traits la vie en quelques lignes, souvent des gens qui souffrent ou ont souffert dans le passé. On sent dans ces évocations que c'est vraiment un homme charitable, sensible aux problèmes des autres. Cela n'empêche qu'il ait assez de discernement pour ne pas se laisser abuser par ceux qui exagèrent leurs griefs, tels ce poète métis et ce professeur juif rencontrés dans une réunion et semblant se complaire dans le ressentiment, alors que lui-même aurait eu tout autant de raisons de se plaindre de ce qu'il avait enduré dans son enfance et sa jeunesse (page 317). J'ai aussi apprécié son honnêteté intellectuelle, car tout en se déclarant de gauche («Etre de gauche? Certes. Comment pourrait-il en être autrement?» 199) il n'hésite pas à aborder certaines tragédies historiques comme la persécution des Allemands de Tchécoslovaquie (245) ou les horreurs du communisme («il avait participé à la Révolution aux côtés des bolcheviks, mais il s'était enfui le jour où on lui avait demandé de fusiller de braves paysans auxquels on n'avait rien à reprocher», 54, voir aussi 255 par exemple). Il a d'ailleurs une ample connaissance de la littérature du goulag (342). Enfin ce journal livre ici et là de bonnes anecdotes et des remarques bien senties, ainsi cette réflexion peu commune sur le pouvoir féminin : «Je pense vraiment, pour l'avoir observé, qu'à l'intérieur du couple, dans la plupart des cas, c'est la femme qui fait la loi. J'en ai d'ailleurs souvent parlé avec des femmes, et elles en ont convenu. Mais le plus souvent, nous ne pouvons nous en rendre compte, car c'est l'idée inverse qui prévaut» (105).

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Commentaires
F
Lambeaux = presque chef d'œuvre.
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