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Journal documentaire
14 avril 2020

think different

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Mes recherches philosophiques (et mon goût des personnages sulfureux) m'ont amené à m'intéresser au polémiste noir américain Jesse Lee Peterson. Monsieur Peterson est né en 1949 en Alabama, dans une plantation où ses ancêtres avaient été esclaves et où il a été élevé par ses grands-parents aux principes stricts. Il en a voulu à sa mère de l'avoir éloigné de son père, mais lui a pardonné à l'âge de trente-huit ans. Il anime une émission quotidienne de discussion en ligne et préside le BOND (Brotherhood Organization of a New Destiny), société religieuse non lucrative destinée à conseiller les hommes qui ont été élevés sans père. Au contraire de ses congénères de gauche comme les militants de Black Lives Matter, pour qui les vilains Blancs sont responsables de toutes les misères des pauvres Noirs, Peterson manifeste sa sympathie envers les Blancs en général et les républicains en particulier. Pour lui, la plupart des Noirs qui se plaignent souffrent non du racisme mais de la destruction de la famille et du manque de moralité. Il considère qu'il n'y a pas de problème de race mais un problème spirituel («It's not about color, it's about character»). Opposé à toute discrimination positive, il exhorte ses congénères à quitter la «plantation démocrate», reprochant aux démocrates de maintenir les Noirs dans le ressentiment et l'assistanat, et rappelant qu'historiquement, à l'époque de la Guerre de Sécession, c'était le parti démocrate qui défendait l'esclavage face au parti républicain. Parodiant les nombreuses célébrations vouées aux minorités, il a institué en 2018 la tenue annuelle d'un White History Month, mois de l'histoire des Blancs, fixé en juillet. Peterson observe que l'on ne parle plus de l'histoire américaine qu'en termes négatifs, ce qui conduit à haïr les Blancs, alors que selon lui il faut les apprécier, leur rendre hommage pour avoir su fonder le pays qu'il aime. «Why is it that white folks are the primary creators?... If it wasn't for white people, there would be no America... If we don't appreciate white history, it's over for the country.» Ce point de vue est atypique mais il y a matière à le défendre et il me plait, ne serait-ce que pour la liberté de penser dont il témoigne. Je n'adhère pas à toutes les idées de Jesse, mais j'ai toujours de la sympathie pour celui qui a le courage de s'élever contre le discours dominant de sa tribu. On trouve des  vidéos de lui sur YouTube (par exemple celle-ci), dont une série de morceaux choisis de ses émissions, rassemblés sous le titre de JLP Savage Moments. Il vaut la peine de regarder ce curieux personnage s'entretenir avec ses invités ou ses auditeurs, ponctuant ses propos d'un Amazing! sonore, se mettant à chantonner en pleine conversation, et terminant ses dialogues en demandant à son interlocuteur «Did you have fun?» Il ne manque pas d'humour, ni d'un certain goût pour la provocation. Il se situe plaisamment comme si loin à l'extrême droite que c'est tout juste s'il peut s'apercevoir («I'm so far right that I can hardly see myself»). «Are you nervous ?» demande-t-il au début de son entretien avec le politologue conservateur indo-américain Dinesh D'Souza. Celui-ci lui ayant répondu que non, il lui glisse «You'd better be» (Vous feriez mieux de l'être) avec un petit sourire. «All angry people are blind» (les gens en colère sont aveugles) affirme-t-il. Lui-même parait paisible et semble ne jamais se départir de son flegme, avec sa voix trainante et ses yeux perpétuellement mi-clos. Un drôle de bonhomme.

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