la terreur sous lénine
Une autre de mes lectures de printemps a été La terreur sous Lénine (1917-1924), recueil d’une dizaine de documents et de témoignages, rassemblés par un certain Jacques Baynac (Le Sagittaire, 1975, 381 pages, reparu depuis en format de poche). Le point de vue du préfacier et celui de plusieurs des auteurs (mais pas de tous) est un point de vue d’extrême gauche, ce qui n’enlève rien au terrible contenu informatif de l’ouvrage, réduisant à néant la légende du bon léninisme qui aurait précédé le vilain stalinisme. Les bolcheviks s’emparent du pouvoir en octobre 1917, la Tchéka (la Gestapo communiste) est créée deux mois plus tard, et aussitôt commence dans toute la Russie une répression féroce et souvent arbitraire : fusillades innombrables, noyades, déportations, frappant aussi bien les ennemis de droite que les rivaux de gauche, sans compter les innocents pris dans des rafles de représailles ou d’intimidation. On évoque également, en fin d’ouvrage, les premières années de fonctionnement du bagne des îles Solovski, dans l’océan glacial Arctique, qui sera l’embryon du Goulag. Comme à chaque fois que je lis un livre sur le sujet, je reste sidéré par le relatif silence qui entoure les atrocités de l’histoire communiste, alors qu'elles dépassent en ampleur et en durée celles de tous les fascismes réunis. Et pourtant, dans le débat public comme dans la production de fictions télévisuelles et cinématographiques, par exemple, que représente la dénonciation des crimes du communisme par rapport à ceux du fascisme : un centième? un millième? un dix-millième?