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Journal documentaire
24 août 2012

arbres d'Europe

treesJe ne remercierai jamais assez l'ami qui, cédant à mes prières, avait accepté de m'offrir, voilà une quinzaine d'années, un livre qu'il venait d'acheter pour lui-même, The Trees of Britain and Northern Europe, rédigé par Alan Mitchell, abondamment et joliment illustré par John Wilkinson (Collins, 1991). Ce n'était déjà pas la toute première édition de cet ouvrage, qui depuis en a connu d'autres, ainsi qu'une traduction française. Ce guide est un excellent instrument pour l'identification des arbres, et présente par ailleurs la particularité assez rare, dans sa catégorie, d'être en même temps un guide esthétique. En effet l'auteur, dendrologue mais aussi homme de goût, attribue à chaque espèce une note évaluant l'intérêt que peut présenter l'introduction d'un arbre dans un jardin ou dans un parc, en fonction de son aspect général ou d'attraits particuliers comme son feuillage ou son écorce. Je ne me lasse pas de relire, et j'aimerais faire partager à mes propres lecteurs, les indications de la page 8, où est explicité l'ingénieux système de notation divisé en quatre degrés. Je traduis :

I. «Un arbre de première classe, excellent par la silhouette, la vigueur et le feuillage, présentant souvent de jolies fleurs à profusion ou une belle couleur automnale, et sans défaut notable. Ce sont des arbres de caractère, à choisir pour des emplacements de premier plan ou pour les endroits où l'on ne peut planter qu'un seul ou peu d'arbres

II. «Soit un bon arbre mais qui manque de personnalité ou de classe évidente, soit un arbre qui pourrait être classé en catégorie I mais qui souffre d'un défaut comme une santé fragile ou un aspect hivernal décharné. Donc bon à planter mais pas dans un endroit en vue

III. «Un arbre ordinaire, médiocre, plutôt terne, ne présentant aucun aspect brillant, mais pas de défaut grave non plus. Ou bien un arbre présentant quelques attraits mais aussi de graves défauts. Ou encore un arbre de peu d'allure sous le climat britannique mais présentant un grand intérêt botanique ou une brève période de gloire, comme le Cytise d'Adam, et qui pour cela vaut d'être possédé

X. «Un arbre avec peu de chose ou rien à son avantage. Il y en a de bien meilleurs pour n'importe quel emplacement, et il en existe déjà bien trop de spécimens plantés. Ses défauts se voient tout au long de l'année, comme une silhouette informe, ou pendant toute une saison, comme un feuillage morne

L'auteur précise que «les Cerisiers japonais des pages 192-193 (qui ont tous I ou II) sont notés pour leurs fleurs seulement, sans quoi la plupart ne mériteraient que X.» Soucieux d'éviter les vaines polémiques, Mitchell admet qu' «On peut estimer qu'il y a quelque subjectivité dans ces évaluations. Mais l'auteur considère qu'il sait reconnaître un bel arbre quand il en voit un, et que selon n'importe quel critère esthétique un Chêne hongrois a de la classe, alors qu'un Prunier Pissard n'en a aucune.» On reconnaît bien là le penchant de l'esthète à l'intransigeance. Cependant, avoue-t-il, «tout n'est pas toujours aussi tranché, et dans certains cas il est discutable que l'arbre doive être classé en catégorie II ou III

Je m'arrêterai un instant sur cette variété de Prunier dite pissardii ou atropurpurea, rapportée de Perse par monsieur Pissard au XIXe siècle, et qui depuis prolifère dans nombre de jardins. Je n'ai pas non plus beaucoup de sympathie pour ces arbres, sans pour autant leur vouer le mépris absolu de Mitchell. Je note en passant qu'on les appelle rarement Pruniers Pissard en français, mais plus souvent Pruniers pourpres, peut-être à cause de la consonance du patronyme, d'ailleurs pas plus flatteuse en anglais.

Je me suis amusé à regarder les notes que Mitchell attribue aux arbres dont je possède des spécimens. Il classe en III le Frêne commun et le Noisetier, ce qui me semble surtout justifié pour ce dernier. En II, l'Aubépine monogyne, l'Aulne, le Charme, et le Noyer commun. En première classe l'Alisier torminal, le Cormier, l'Erable champêtre, l'Erable de Montpellier et l'Orme champêtre. L'Alisier est aussi de mes préférés. Je me suis réjoui de lire à son sujet, dans ce bon livre, une indication hypothétique mais propice à la rêverie, selon quoi les lieux où il croît spontanément ont toujours été des bois et n'ont jamais été labourés.

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