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Journal documentaire
1 août 2019

deux journaux

Unknown

J'ai lu ces derniers temps deux journaux d'écrivains, procurés par l'ami Baudouin.
D'une part Un miroir le long du chemin, de Jean-Louis Curtis. C'est un journal des années 1950-1958, avec par endroits des commentaires ajoutés en 1969, année de la publication chez Julliard. La part autobiographique est mince, le propos porte essentiellement sur des sujets littéraires : critiques, notes de lecture (parfois sur des gens trop rarement cités, comme Sainmont le pataphysicien, ou le prince Youssoupoff), notes sur les propres oeuvres de l'auteur. Le plus intéressant, ce sont les témoignages sur les écrivains rencontrés (visites à Jouhandeau, à Peyrefitte, anecdotes sur Léautaud, Nimier). Il y a de belles pages sur un bar de Paris ouvert toute la nuit, où se retrouvent peu à peu les clients des autres bars à mesure qu'ils ferment, aussi sur Orthez, ville natale de Curtis. Toute une partie du livre, en 1957-58, se déroule aux USA, où l'écrivain va enseigner. J'ai aimé les portraits psychologiques de ses étudiants, la rencontre dans un bar d'un ivrogne qui s'avère être un poète cultivé. Par endroits Curtis s'essaye à la prophétie, tente d'imaginer ce que seront les moeurs à la fin du XXe siècle. Cela réussit plus ou moins, mais j'ai trouvé ce passage bien vu : «La guerre des sexes est en cours, elle s'achèvera par la victoire des femmes. La guerre des générations est en cours, elle s'achèvera par la victoire des jeunes. Tous les opprimés d'hier deviendront les oppresseurs de demain, c'est dans l'ordre de l'Histoire.»
D'autre part La Roumanie revisitée  (Journal 1990-1996) d'une certaine Sanda Stolojan (L'Harmattan, 2001). Cette femme de lettres exilée en France, poétesse et traductrice, ne bénéficie dans Wikipédia que d'une notice en roumain. L'époque de ce journal est celle qui suit immédiatement la chute de Ceausescu et la fin du communisme dans les pays de l'Est. L'auteur vit à Paris, mais séjourne par moments en Normandie et en Suisse, et se rend souvent en Roumanie. Ses fonctions d'interprète l'amènent à rencontrer les personnalités politiques de l'époque (François Mitterrand, Roland Dumas, Pierre Joxe, Ion Iliescu, Petre Roman...). Elle a de la sympathie pour le roi Michel, qui ne reviendra pas au pouvoir. Elle observe sans complaisance les désastres du socialisme, les anciennes fermes et propriétés ravagées, les propriétaires se ruinant en frais d'avocat pour tenter de récupérer leurs biens. A Paris, Sanda rencontre régulièrement Eugène Ionesco, et plus souvent encore Emil Cioran. Or c'est l'époque où ces deux célèbres Franco-Roumains, déjà octogénaires, tombent malades et vont mourir (le premier en 1994, le second en 1995). Il y a des pages poignantes sur les fréquentes visites à Cioran, gagné par le mal d'Al. Il lui est arrivé un peu comme à ma pauvre mère, tous deux avaient commencé à perdre la tête, sont tombés dans la rue, ont été emmenés par les pompiers et se sont retrouvés hospitalisés. Je découvre ici son adresse 21 rue de l'Odéon. Si je l'avais sue, j'y serais bien passé la dernière fois que j'étais dans la capitale, tout disposé aux pèlerinages. Je me contenterai de Street View...

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