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Journal documentaire
17 juillet 2014

chronique gastronomique

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Il n'est pas toujours facile, pour un vieux garçon comme je suis, attaché à ses habitudes et à son ordre, de cohabiter durablement avec des visiteurs, qui ont certes ma sympathie, mais avec qui je ne peux toujours être sur la même longueur d'onde. Dans l'ensemble, cependant, j'arrive à supporter mes hôtes mieux que je n'aurais cru. Il est même rafraîchissant de partager un peu de son temps avec deux enfants, un de six ans et un de cinquante-huit. Bruno est assez serviable, comme je n'ai pas d'autre infirmière sous la main, pour me refaire mon pansement dans le dos, matin et soir, avec ses gros doigts d'artiste parisien. Sigfrid est plein de vitalité, ce qui est le gros inconvénient des garçons de son âge, mais j'en ai connu de pires. Cet enfant est très beau, ses cheveux très blonds, ses yeux très bleus, ses traits réguliers et fins, et j'aime l'air naturellement sérieux, presque grave, de son visage.

Ce matin Wyn est passé tondre l'herbe et nous avons discuté des arbres, qu'il doit couper prochainement. Nous avons convenu qu'il me mailerait bientôt, quand sa tronçonneuse sera affutée et lui prêt. Nous conviendrons alors d'un jour et nous nous mettrons au travail à neuf heures du matin. Je ne suis pas sûr de bien le comprendre. Il ne veut pas débiter les troncs en bûches de cinquante centimètres, comme j'aurais préféré, mais seulement en un mètre, arguant que cela ferait gagner du temps. Mais d'un autre côté il me propose d'aller là-bas avec sa remorque et d'en profiter pour charger le bois. Or comme la voiture ne pourra se stationner près de nous mais devra rester à l'extérieur sur le chemin, je suppose que transporter les bûches jusqu'à elle prendrait beaucoup de temps. Pour ma part je préfèrerais les laisser sur place ici et là, et j'aurais tout le loisir ensuite de venir les chercher peu à peu. Je ne sais où tout cela va. J'espère que je ne suis pas une fois de plus en train de me fabriquer des regrets.

Menu de midi : boîte de saucisses aux lentilles. Hum.

Dans l'après-midi, j'ai lu avec plaisir le petit livre d'Alain Decaux, L'histoire vraie du Diable au corps, en fait un article d'une trentaine de pages, imprimé sur papier solide et enveloppé d'une couverture assez épaisse pour lui donner l'aspect d'un livre, à dos carré. Je ne connais Radiguet que de réputation, je n'ai jamais lu son Diable au corps ni rien d'autre de lui, et cette Histoire vraie ne m'en a pas spécialement donné envie, ni ne m'a rendu attirante la personnalité de Raymond, mais j'ai bien aimé l'exposé de l'historien. Il y synthétise entre autres informations les données recueillies par quelques témoins auprès de celle qui fut vraisemblablement la maîtresse de Radiguet (morte dans la fiction mais lui survivant longuement en réalité), son mari soldat trompé, et leur fils à la paternité incertaine. Le style dans cet article n'est pas sans défaut (ici une répétition, là quelques «c'est vrai que») mais Decaux a un talent évident de conteur, une expression d'une grande clarté, et le lire éveille en moi la nostalgie du temps où l'on pouvait l'entendre dans des émissions. J'ai aussi retrouvé là un bon souvenir récent, avec l'évocation de la propriété du Bassin d'Arcachon, au Piquey (Decaux écrit Picquez) où Cocteau avait emmené Radiguet, un beau bâtiment que j'ai pu contempler depuis les flots lors de mon excursion autour de l'île aux Oiseaux le mois dernier.

Il a fait aujourd'hui une chaleur vraiment abrutissante, impitoyable, africaine. En fin d'après-midi j'ai conduit mes hôtes à la piscine municipale de Loulay, et suis allé méditer une heure sous mes arbres, avant de revenir les chercher.

Menu du soir : riz et jambon. Là, ça ne rigole plus.

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