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Journal documentaire
13 juin 2010

Pasaron

J’ai lu cet hiver un bon livre intitulé Reform and reaction : the politico-religious background of the Spanish civil war, paru en 1964 à la University of North Carolina Press. Malheureusement l’auteur m’est inconnu et son nom banal, José M Sánchez, a rendu mes recherches sur lui pour l’instant infructueuses. Il n’étudie pas la Guerre civile elle-même, évoquant seulement son premier semestre, le plus terrible, de juillet 1936 à janvier 1937, au cours duquel des «anti-fascistes» profanèrent, saccagèrent et brûlèrent un grand nombre de bâtiments religieux, cependant que près de 7000 prêtres, moines, nonnes et séminaristes sans défense étaient assassinés par des milices de gauche du seul fait qu’ils étaient chrétiens, certains après avoir été humiliés et torturés. Tout le reste du livre essaie de répondre à la question : comment en est-on arrivé là ? L’histoire du catholicisme dans le pays est esquissée à grands traits pour les périodes anciennes, plus en détail à partir du dix-neuvième siècle. Mais c’est une chose que de comprendre qu’un peuple misérable se soit détourné d’une Eglise alliée aux puissants (encore qu’il y ait toujours eu dans l’Eglise espagnole un courant social, un clergé pauvre et une piété des humbles), c’en est une autre que d’expliquer cette explosion de haine démente (à moins d’observer simplement que la foule aime bien s’attaquer à des boucs-émissaires, surtout quand ils sont faciles à trouver et pas dangereux). Il faut dire que dès le début de la seconde République, les catholiques ont été visés. Dès mai 1931 on assiste à une série d’incendies criminels d’églises à travers tout le pays, et chaque fois le scénario est le même, les pompiers regardent le sinistre sans intervenir, les autorités ne réagissent que tardivement et mollement, aucun coupable n’est jamais arrêté. Des incendies semblables se reproduisent sporadiquement les années suivantes. Pendant ce temps la République se livre à un véritable harcèlement législatif anti-clérical, limitant la liberté de culte, multipliant les interdictions d’enseigner, les confiscations de biens (fin 1931, «un prêtre fut poursuivi pour pratique publique du culte, parce qu’il avait dit la messe dans une église dont le toit avait été détruit par un orage» - p 145). Cette ambiance irrespirable n’est sans doute pas étrangère au fait que les rebelles franquistes aient trouvé un soutien populaire. Beaucoup de catholiques étaient républicains, mais ils voyaient bien que la République ne les protégeait pas.

 

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Commentaires
P
Rien dans son livre, que j'ai lu attentivement, ne m'a fait penser que "ce monsieur", qui d'ailleurs n'habitait pas en Espagne, était un "serviteur du régime". Je trouve mon cher Denis que tu es doté de pouvoirs extraordinaires pour pouvoir en juger sans en avoir lu une ligne. Quant à la notion de sérieux, chacun voit midi à sa porte. Je dois dire en ce qui me concerne que s'il est un discours que je n'arrive plus à prendre au sérieux, c'est celui des "historiens" qui récitent un catéchisme selon lequel la Guerre civile espagnole se résume à un conflit entre les vilains réactionnaires-fascistes-salauds de droite et les gentils socio-stalino-anarcho-troskistes de gauche qui étaient très sympas et n'avaient rien à se reprocher...
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D
encore que pour regarder cette réalité qui est derrière et non en face il vaut mieux lire des historiens sérieux pour avoir toutes les données et non des serviteurs du régime comme semblait être ce monsieur.
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P
J'espère que l'on n'est pas obligé d'être franquiste pour regarder en face la réalité des crimes de la République espagnole.
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D
http://es.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Mar%C3%ADa_S%C3%A1nchez-Silva_y_Garc%C3%ADa-Morales<br /> <br /> http://www.biografiasyvidas.com/biografia/s/sanchez_silva.htm
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D
Ce premier semestre, en effet, est le préféré des révisionnistes néofranquistes actuels. Tu ne sombrerais pas là-dedans, j'espère.
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