Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal documentaire
19 mars 2020

ces derniers jours

Unknown-1

La semaine dernière, j'ai été mal fichu pendant trois jours, de mardi à jeudi, avec un peu de fièvre. Dans les circonstances présentes, c'était inquiétant, mais le mal a disparu avec un peu de Doliprane et d'Efferalgan, de sorte que j'étais remis dès vendredi. Il ne s'agissait probablement pas du redoutable coronavirus qui ravage le monde ces temps-ci.

Depuis quelques semaines on commençait à faire cas, tout en blaguant un peu, des mesures de prudence préconisées. Des gens ne m'ont pas serré la main lors de ma dernière soirée bordelaise le mercredi 4, et à la fac une prof est venue me voir en m'annonçant qu'elle préférait ne pas m'embrasser car elle revenait de Madrid. A mon tour dans les derniers jours je n'ai pas touché la main que me tendaient deux de mes collègues, qui en ont paru étonnés.

Le jeudi 12 la direction de l'université a évoqué la possibilité d'une fermeture et la mise en place de cours en ligne pour les étudiants. Les choses se sont précipitées le soir avec le discours du président de la république annonçant la fermeture de tous les établissements d'enseignement à partir du lundi. Dès lors j'ai eu l'impression qu'il fallait prendre la chose très au sérieux. Un temps j'avais envisagé d'aller passer la journée de vendredi à travailler dans mon bois de Cunèges, en Dordogne, parce que la météo s'annonçait clémente. Jugeant préférable de limiter mes déplacements et d'économiser mon essence, j'y ai renoncé.

Le vendredi 13, la direction de la fac a confirmé la fermeture de l'établissement au public à partir du lundi suivant, tout en précisant que cela ne dispensait pas forcément le personnel de continuer à venir travailler sur place. On annonçait aussi la suspension des activités sportives, dont mon cours de yoga. Ce jour-là, bien que je ne travaille pas le vendredi, je suis allé à la fac récupérer dans mon bureau certaines affaires qui m'auraient manqué, dont quelques livres bien sûr. Après avoir songé m'enfuir tout de suite dans ma maison à la campagne en Charente, j'ai décidé de rester encore à Gradignan pour le week-end. Mon coach m'a rendu visite, nous sommes allés récupérer du bois perdu à Ornon, nous avons fait quelques courses dans deux supermarchés, et nous avons découvert le charmant petit étang situé entre la rue de Lange, la rue précisément de l'Etang, et la rue des Camélias, en plein centre de Gradignan. Il y a des poissons rouges, des canards de deux sortes, dont des colverts et une espèce que je ne connais pas, et comme à Ornon un canard musqué solitaire.

Le dimanche 15, un mail de la présidence de la fac a demandé à chacun de rester chez soi à partir du lundi et de ne pas venir travailler sur place. J'ai décidé alors que dès le lendemain, je partirais me retirer à la campagne. Ma vieille maison n'est pas bien chauffée, mais le temps n'est pas mauvais ces jours-ci, et je serais mieux là, disposant du jardin, et éventuellement de la campagne environnante, que confiné dans ma piaule d'étudiant à Gradignan.

C'est chose faite, je suis chez moi depuis lundi après-midi. C'est un sentiment étrange, de savourer la paix de la campagne et le beau temps, tout en sachant qu'il se passe ailleurs des choses terribles, et que le mal va nécessairement s'approcher, s'il n'est déjà là. Venant de la ville, je ne peux assurer que je suis sans virus. J'ai salué mes voisins lyonnais à distance, mes voisins anglais par mail. Hier matin je suis allé à la Coop de Villeneuve avec en poche une Attestation de déplacement dérogatoire copiée à la main en version abrégée, hier après-midi dans mes bois avec un imprimé transmis par un voisin. Je ne pense pas qu'on puisse me reprocher d'aller dans ces lieux déserts, mais sait-on jamais. Je mesure en tout cas le privilège de ma situation présente, par rapport à ceux de mes concitoyens qui doivent rester en appartement, et certains avec des enfants. Voilà ce que je voulais dire aujourd'hui de ces circonstances inédites.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Merci, Lucien. Meilleur salut.
Répondre
L
Content de te savoir à l'abri au calme. A La Tiremande, c'est pareil.
Répondre
Journal documentaire
Publicité
Journal documentaire
Archives
Publicité