aumônes
Les trois dernières fois où j'ai fait l'aumône d'un euro. 1) Il y a quelques mois, était-ce rue Saint-Rémi, en tout cas dans une rue piétonne près de Sainte-Cathe, à un guitariste que j'étais content de retrouver. Je l'avais déjà écouté une fois l'hiver dernier à Saint-Michel jouer deux trois morceaux, dont une remarquable interprétation du Entre dos aguas de Paco de Lucía. Il a l'habileté d'un virtuose et son ampli donne un bon son. Or voilà que dans la rue, comme je m'étais arrêté en attendant de voir ce qu'il allait jouer, il choisit encore cette oeuvre espagnole, qui doit être de ses favorites. C'était un plaisir. Cet homme est trop talentueux et de trop bonne humeur pour être à proprement parler mendiant, c'est plutôt un artiste de rue qui gagne sa vie ainsi, probablement bien. Je l'ai payé par gratitude, non par pitié. 2) Vers la rentrée, rue Porte-Dijeaux, près de Gambetta, à un homme d'un certain âge, peut-être du mien, assis au pied du mur, et qui ne mendiait pas vraiment, ne disant rien, n'ayant pas d'écriteau, juste un gobelet posé devant lui. Il regardait dans le vague et d'un air effaré, comme se demandant comment suis-je arrivé là, qui sont tous ces gens qui passent? Lui, me fendait le coeur, au contraire de la plupart des mendiants gémissants collants. 3) La veille de la Toussaint, sur le parking de Saige, à Pessac, où j'étais allé chercher des fleurs à cimetière. Un type lui aussi de mon âge, poivre et sel pas très net, vient me demander l'heure, il était midi et quart, puis si je n'avais pas deux euros, ou même un seul. J'ai dit que non, mais le temps d'acheter un sandwich à la boulangerie, le remords m'a pris et je suis allé retrouver le gars entre les voitures pour lui donner un euro. Ce n'était pas assez, il m'a à peine remercié et a demandé aussitôt si je n'en avais pas un deuxième. J'ai refusé, je n'étais pas assez sûr que je n'aidais pas une fripouille, je suis parti.