Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal documentaire
13 janvier 2015

après coup

Quelques réflexions...

L'attentat contre Charlie-Hebdo a provoqué sans doute la plus formidable vague d'affolement collectif, depuis les élections de 2002. Le tourbillon a pris des proportions et a enflé jusqu'à la gigantesque messe «républicaine» de dimanche dans les rues du pays. Le mouvement m'était sympathique au départ mais avait à la fin quelque chose d'oppressant, l'omniprésence du slogan «Je suis Charlie» a tourné au bourrage de crâne.

On voit bien d'où vient la formule «Je suis Charlie», énième resucée d' «Ich bin ein Berliner» et autres «Nous sommes tous des juifs allemands». Mais j'aimerais savoir précisément qui, ce coup-ci, a eu l'idée, géniale à sa manière, de lancer la phrase. Quel carton! (PS. C'est le publicitaire Joachim Roncin, me dit-on. Sa carrière est assurée).

Une connaissance m'a dit qu'elle se demandait s'il ne fallait pas comprendre le slogan «Je suis Charlie» au sens du verbe suivre. Il y avait en effet comme un moutonnement.

Elle n'était sans doute pas si rude, l'époque où les libertaires disaient pis que pendre des flics, et traitaient allègrement les CRS de SS. Confrontés à un danger plus menaçant, ils trouvent maintenant la police plus aimable, à ce qu'il semble.

Certains déplorent que l'on parle surtout des victimes célèbres (les stars Cabu, Wolinski, etc) et trop peu des obscurs (les flics, les employés...). Or c'est regrettable mais la vie est ainsi et l'on n'y peut rien. Nous sommes inégaux en rayonnement : il y a les vedettes (y compris d'extrême gauche) et les autres.

C'est très bien, de défendre la liberté d'expression, mais je n'entends pas beaucoup d'experts examiner l'idée que s'en faisait au juste l'hebdomadaire qui par exemple a viré Siné comme un malpropre, en 2008.

«Nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis» aurait déclaré le dessinateur Willem, avec son élégance habituelle. Beaucoup de manifestants doivent donc s'essuyer, s'ils étaient trois millions, alors que le journal ne tire qu'à 50.000 exemplaires. (Cela me fait d'autant moins regretter de ne m'être pas joint à la procession). Pour ma part, je répète qu'être solidaire sur le principe n'implique nullement d'être ami. C'est dur, de soutenir des cons.

Publicité
Publicité
Commentaires
R
"On n'imagine pas de tels hommages et une telle sollicitude, s'il s'agissait d'un canard de droite..."<br /> <br /> C'est l'évidence <br /> <br /> <br /> <br /> Charlie-Hebdo était un organe du système mais complétement dépassé par l'évolution de la société et c'est pour cela qu'il ne vendait plus assez d'exemplaires pour s'en sortir financièrement. Sa ligne éditoriale (en dehors d'Oncle Bernard) était complétement en dehors du réel. Ses attaques contre le Pape et l'Eglise par exemple dataient d'une époque révolue cad celle du sabre et du goupillon.<br /> <br /> Quand je regarde les visages de l'équipe de dessinateurs je reste sidéré. Ils avaient gardé des têtes d'adolescents éternels car ils n'avaient pas vraiment vieilli. Comment peut-on pendant 30 ans déblatérer le même discours insane sans en changer une seule virgule.<br /> <br /> Cette sinistre tuerie va les sauver provisoirement mais ce n'est qui'un répit temporaire.
Répondre
P
Charlie Hebdo n'est pas au coeur financier du pouvoir médiatique : il paraît qu'il a des difficultés de trésorerie (encore que cela doive sûrement changer, s'il est vrai que le nouveau numéro va être tiré à 3 millions d'exemplaires au lieu de 50.000 et traduit en 16 langues, qu'il va recevoir 250.000 euros d'un certain fonds Presse et pluralisme et 1 million du ministère de la Culture, et qu'au cas ou cela ne suffirait pas, une collecte de fonds est organisée (je viens de lire ça dans 20 minutes)). Mais sur le plan idéologique, il se voit comme le nez au milieu de la figure que le journal est en parfaite conformité avec l'idéologie dominante. On n'imagine pas de tels hommages et une telle sollicitude, s'il s'agissait d'un canard de droite...
Répondre
D
J'aime bien vos "quelques réflexions" distanciées sur cette "messe républicaine" :-)<br /> <br /> <br /> <br /> L'autre soir à la télé : tel journaliste important (Serge July) exprime son étonnement que les tueurs islamistes s’en soient pris à Charlie Hebdo, qui est pourtant « gentil » et « tolérant », et non aux islamophobes (Zemmour, Le Pen ?).<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qu’il n’arrive pas à comprendre c’est que caricaturer le fondateur d’une religion n’est pas ressenti par les fidèles comme étant « gentil » et « tolérant », mais comme étant humiliant et provoquant. Alors que l’islamophobie, prétendue ou réelle, de Le Pen ou Zemmour est exempte de tout caractère blasphématoire.<br /> <br /> <br /> <br /> Cet attentat ne me semble pas plus ignoble que celui perpétré précédemment par Mohamed Mérah à Toulouse (il le serait même moins en ce sens qu’aucun enfant n’a été abattu), mais le fait qu’il suscite une activité médiatique bien plus intense traduit, me semble-t-il, le fait que Charlie Hebdo est au cœur du pouvoir médiatique.<br /> <br /> <br /> <br /> Qu'en pensez-vous ?
Répondre
Journal documentaire
Publicité
Journal documentaire
Archives
Publicité