Premiers livres
Recherchant mes plus vieux souvenirs de livres, j’en trouve cinq, comme les doigts. Le premier (le pouce?), ma plus ancienne émotion visuelle mémorisée, remonte à la plus haute antiquité de ma bébéterie : vision d’une page de petit livre, figurant un paysage, au centre duquel une machine (un rouleau compresseur? un tracteur?) circulait sur une route jaune d’or, spectacle dont je tirais le plus vif plaisir. Le second, encore un de ces petits albums pour bambins (Deux Coqs d’Or? Père Castor ?), cette fois l'histoire du Chat Botté, où me blessait la vue du jeune maître au bain dans la rivière, son bras sans doute masqué par l’eau semblant sectionné. Puis, à l’époque où une souris, la nuit, emportait de sous l’oreiller la dent perdue, roulée dans un papier de boulanger, et déposait à la place un cadeau, je crois avoir obtenu par ce biais certaines bandes dessinées d’un format proche du A4, sans couverture rigide ni dos carré, dont deux sont encore dans ma mémoire : l’histoire de Donald perdu dans les Andes, où lui et ses neveux découvrent des œufs cubiques, et une aventure de Jim la Jungle, dans laquelle une image formidable montrait un personnage aidant un autre à se hisser au sommet d’une falaise, une jambe ballant au-dessus du vide. Enfin une série de documentaires animaliers, d’un format presque carré, remplis de photos en couleurs, probablement publiés par les studios Walt disney. Je rachèterais volontiers ces trésors, s'ils se présentaient sur mon chemin, mais ils n'y sont jamais.