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Journal documentaire
3 septembre 2007

Art impopulaire

C’est paraît-il dans la fin des années 90 qu’un certain Shaun Partridge (né en 1968 dans le Colorado) commença à qualifier ses propres œuvres d’un-pop. Le même, associé au musicien Brian Clark (né en 1977) et au chanteur et peintre Boyd Rice (né en 1957), créa en 2003 le mouvement Unpop Art. L’existence de ce mouvement a pour l’instant principalement consisté en la création d’un site internet sur lequel sont archivées et documentées les productions d’une dizaine de personnalités aux styles et aux domaines d’activité divers, mais qui ont en commun «l’application de concepts franchement impopulaires à des formes populaires», ou à l'inverse «l’application de l’esthétique, des styles ou des techniques pop à des notions déplaisantes, réprouvées ou en quelque manière censurées». Cela consiste à prendre le bon goût à rebrousse-poil et à s’amuser avec les interdits, en recourant par exemple aux symboles graphiques du nazisme ou du fascisme, bien que les acteurs de ce mouvement soient en réalité moins méchants qu’ils ne veulent s’en donner l’air. Qu’une imagerie soit choquante n’est pas ce qui peut lui arriver de pire, toutefois ça ne suffit pas non plus à garantir qu’elle soit excellente. Mais les gens d’Unpop Art ne se contentent pas de gribouiller des croix gammées un peu partout pour s’amuser à faire bondir l’humaniste moyen. Ils réussissent parfois assez bien leur coup, comme Boyd Rice dans sa frappante peinture Love, de 2004, ensemble de quatre toiles carrées représentant le mot LOVE en grosses lettres blanches sur fond rouge, avec une croix gammée noire inscrite bien en évidence dans le O.
Je n’ai pris connaissance que très superficiellement des travaux de la peintre Beth Moore-Love (qui peint des horreurs dans le style des illustrations de contes pour enfants), de l’éditeur Adam Parfrey (déclarant plaisamment vouloir que l’on n’ignore pas qu’il est «seulement à demi juif»), du collagiste Larry Wessel ou du dessinateur Nick Bougas. Les deux artistes qui m’intéressent le plus sont l’écrivain Jim Goad (auteur entre autres d’un Redneck manifesto) dont j’aimerais avoir le temps de mieux étudier les textes, et le sculpteur Charles Krafft, dont «l’art du désastre» consiste notamment à créer des porcelaines sur des thèmes guerriers inattendus.
Considérant avec raison que «l’unpop n’est pas toujours intentionnel», le site présente également une copieuse anthologie d’œuvres unpop trouvées.

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Commentaires
C
Ce qu'on découvre sur ce site amène à reconsidérer la définition du kitsch comme "art du bonheur" (Abraham Moles)!
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