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Journal documentaire
2 mars 2007

Sur Jean Cau

Le livre de Jean Cau Composition française, sous-titré Journal, se présente en effet comme un journal, divisé en sept chapitres, qui sont autant d’années, dans lesquelles des notes plus ou moins longues figurent à différentes dates. Mais ce «journal» parle peu de l’actualité, et ses chapitres sont simplement numérotés en chiffres romains, de I à VII, sans aucune mention de millésime, si bien que l’on se demande si le texte a vraiment été rédigé, par intermittences, pendant sept ans, ou s’il s’agit d’une composition fantaisiste. Le repère chronologique le plus précis que j’aie remarqué est la mention, page 72, du fait que René Char «vient de décéder». Le poète étant mort en 1988, et la page en question se trouvant au chapitre III, les sept chapitres couvriraient une période allant de 1986 à 1992, ce qui est plausible, l’ouvrage ayant paru chez Plon en 1993, année même de la mort de l’auteur. Jean Cau fait quelques confidences personnelles, rappelant par exemple, au sujet de ses origines terreuses, qu’il est «le premier de son nom, depuis la nuit des temps, à tenir un stylo et non une houe». Mais il parle peu de lui-même dans ces pages, pour la plupart consacrées à évoquer des écrivains français, contemporains ou passés. Cela commence très fort, avec de violents souvenirs de Jean Genet, mais ensuite l’intérêt faiblit et j’ai terminé en feuilletant de plus en plus distraitement. J’ai relevé tout de même, en cours de route, cette bonne raison d’admirer de Gaulle, «qu’il était avare de sourires et d‘exhibitions dentaires.» Ce joyeux exposé des «deux manières de lire un livre : la première, assis devant un feu de bois et dehors il fait froid. C’est l’hiver. Entre vos mains, le livre sèche et son humidité s’évapore. S’il vous ennuie, vous le jetez dans le feu», etc. Et des observations à valeur d’aphorisme, comme celle-ci, «L’homme s’habitue à tout et, par exemple, à occuper des fonctions au-dessus de ses mérites», ou celle-là, «La franc-maçonnerie est un enfantillage adulte.» Le bouquin refermé, musardant sur le net, je découvre encore un entretien avec Jacques Vanden Bemden, dans lequel Jean Cau fait cette analyse fulgurante : «Les révolutions sont de gigantesques explosions infantiles et féministes : on saccage la maison, on s’empiffre de confitures, on joue au chef.»

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Commentaires
P
lu cette après-midi "Composition française". C'est fort juste ce que tu dis sur l'intérêt qui va en s'amenuisant.<br /> Le passage sur la franc-maçonnerie est très drôle. On dirait du Vialatte.
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P
Mais j'ai lu Croquis de mémoire, que je trouve en effet excellent. J'ai dû faire une note de lecture dessus mais je ne sais plus où ni quand.
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P
De Cau, tu devrais essayer "Croquis de Mémoire", excellent livre de portraits dont un de Sartre absolument remarquable.
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