Pensées de Natália Correia
Je ne sais pas grand chose de la femme de lettres socialo-féministe Natália Correia. Cette dame née aux Açores en 1923 a écrit principalement de la poésie, mais aussi quelques oeuvres de théâtre, de fiction, et des essais, avant de mourir à Lisbonne en 1993. Sans l’avoir lue, je lui portais l’estime que m’inspire quelqu’un d'assez culotté pour avoir écrit encore des sonnets dans la deuxième partie du vingtième siècle. J’ai remarqué l’autre jour son livre de 1974 Uma estátua para Herodes (une statue pour Hérode) à cause de son sujet peu commun. C’est un essai mi-sérieux, mi-blagueur sur la « pollution démographique », « l’incontinence populationnelle » de notre époque. Je ne prendrai pas le temps de lire ce livre qui n’a pas l’air simple. J’y aperçois en passant, outre les formules sus-citées, les néomots de « puérilâtrie » et « puérocratie ». J’ai siroté en me régalant le dernier chapitre, où l’auteur s’est amusé à composer «Les proverbes d'Hérode». Ce sont des aphorismes cyniques, parfois même cruels. J’en ai traduit une vingtaine pour mes archives. Mon préféré est peut-être celui-ci : «Si tu ne fais rien pour ton fils, tu feras tout pour toi. C’est le mieux que tu puisses faire pour lui.» Ou celui-là : «Le péché d’Eve ne fut pas la fornication qui unit ce qui était séparé, mais la génération qui sépare ce qui était uni.»