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Journal documentaire
12 décembre 2006

Pensées d'António Ferro

J’ignore à peu près tout d’António Ferro. Je vois sur la jaquette qu’il naquit à Lisbonne en 1895, fut successivement écrivain d’avant-garde, journaliste, fonctionnaire et diplomate, avant de mourir dans sa ville natale en 1956, à 61 ans. Je viens de lire son recueil d’aphorismes Teoria da indiferença (1920, réédition de 1979). Un livre vite lu, il n’y a qu’une pensée par page, et elle tient parfois en une seule ligne. Il y règne un esprit poseur et arrogant qui d’emblée ne m’attirait pas beaucoup, un peu à la Wilde, que l’auteur accuse d’ailleurs (par plaisanterie, je suppose) de l’avoir plagié. J’en ai retenu finalement une dizaine de phrases, qui m’ont assez plu pour que je les traduise, dans mes archives. Je ne citerai ici que celles-ci.
«La nature n’est qu’un brouillon. La peinture, c’est ce brouillon mis au net.» Par coïncidence, je tombe le même jour, dans un volume du journal de Michel Ciry, que je lis par intermittence depuis quelques mois, sur ceci (le 15 novembre 1973, à la Via Appia Antica) : «Fait un croquis, déplaçant ce qu’il convenait de déplacer. Questions d’aplombs, de rythmes, de plans. Rares sont les motifs en lesquels il n’y ait rien à changer.»
Celle qui dit «Les phrases lancées dans une conversation de café sont toujours brillantes. L’intelligence n’a pas le temps de les entendre» me rappelle cette observation de Gómez Dávila : «L’homme ne communique avec un autre homme que quand le premier écrit dans sa solitude, et que l’autre le lit, dans la sienne. Les conversations sont divertissement, escroquerie ou escrime.» (Nuevos escolios, 1986, II, p 88).
Une autre me laisse hésitant quant au sens : «La musique est le vestiaire de l’âme.» Cela peut signifier que l’on va choisir une musique à écouter, comme une veste à mettre, selon l’humeur (mais ce serait étonnant en 1920, quand la musique n’était pas encore un objet aussi manipulable à volonté, que depuis qu’on l’enregistre). Cela peut aussi vouloir dire que l’on met son âme à nu en écoutant de la musique, de même que l’on se dévêt au vestiaire. Ou bien autre chose.
Une autre m’intrigue parce que je ne comprends pas du tout ce qu’elle veut dire : «Embrasser à genoux un corps de femme, c’est être chrétien.» Peut-être que si je comprenais cette phrase, je ne l’aimerais plus.

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Commentaires
P
Ah oui, pourquoi pas.
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S
Quand on est à genoux, on n'étreint pas, si vous voyez ce que je veux dire. L'important pour un chrétien, c'est la communion spirituelle.
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