Dire que c'est un bon peintre de bites n'est
Dire que c'est un bon peintre de bites n'est peut-être pas la façon la plus convenable d'indiquer mon estime pour le Caravage et pourtant il y a de ça. Non qu'il ait passé son temps à en peindre, mais il a su en placer de si centrales et ostensibles qu'on ne peut les rater, notamment sur un Amour vainqueur, et son art est tel que la chose n'est ni ridicule, ni répugnante, ce qui est assez rare. Je viens de lire à son sujet un de ces petits volumes populaires de chez Taschen, bon marché mais bien imprimés, si ces gens pouvaient s'écarter un peu des sentiers battus et nous sortir par exemple un Théodore Rousseau, mais je rêve. Mille autres détails charment le regard et pour n'en citer que trois, je mentionnerai le gros oeil velouté de l'âne dans Le repos pendant la fuite en Egypte, la trogne superbe d'Alof de Wignacourt, ou le fin liseré à quoi le Caravage réduit l'auréole des saints. On signale dans quelques peintures les personnages, de premier plan ou du second, qui seraient des autoportraits, et je me dis que son Jeune homme mordu par un lézard pourrait en être un autre.