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Journal documentaire
25 février 2006

J'ai lu un petit livre parfaitement terrifiant,

J'ai lu un petit livre parfaitement terrifiant, Martyre et héroïsme des femmes de l'Allemagne orientale, paru chez Akribeia cet automne. C'est en fait la reprise d'une traduction de l'allemand déjà publiée en 1955, un recueil de témoignages et de fragments de témoignages de victimes d'exactions perpétrées par les troupes russes arrivant pour «libérer» la Silésie en 1945. Les récits, plus ou moins détaillés ou elliptiques, portent principalement sur les nombreux viols de femmes, éventuellement assortis de tabassages, de meurtres et de pillages, dans des circonstances épouvantables à différents degrés. S'agissant d'un ouvrage publié par une maison d'édition révisionniste placée sous le signe de «l'exactitude», je dois avouer que je ne suis pas époustouflé par la présentation critique à peu près inexistante. L'introduction, elle-même traduite, aborde des problèmes théologiques pas négligeables (comme la valeur éthique de la résistance au viol, ou du suicide pour y échapper) mais n'apporte guère de lumière historique. Il manque, à mon avis de lecteur moyennement ignare, une préface qui expliquerait la situation et qui donnerait plus de précisions sur l'origine de ces documents. Mais à vrai dire un tel ouvrage ne vaut pas seulement pour son enseignement historique. On peut se divertir à y trouver maints exemples montrant à quel point «l'homme nouveau» soviétique restait animé par les vieux démons. Il m'a intéressé surtout comme une illustration (une de plus, on en a lu d'autres) de ce dont la liberté peut rendre capable, dans les situations d'anarchie relative, et par moments totale. En contrepoint des horreurs décrites, un des propos les plus saisissants est cette repartie d'un général russe, charitable mais débordé, à une religieuse venue lui demander secours, sur une place de Breslau (Wroclaw) : «Je ne peux pas faire grand chose pour vous. Nous avons trouvé au dépôt du commandant de la forteresse 80 000 litres de vin et tous les hommes sont ivres.»

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Commentaires
G
Excellente maison d'édition.
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