bogarde en penguin

En découvrant ce petit livre de poche de chez Penguin Books écrit par un certain Dirk Bogarde, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un homonyme, parce que je ne savais pas que l'acteur anglais avait aussi été un écrivain, auteur de quelques romans et de volumes autobiographiques, dont un d'où est extrait ce mince mais très agréable à lire From Le Pigeonnier (1993). Bogarde y relate quelques épisodes de sa vie dans la propriété qui fut sienne pendant de longues années, entourée d'une plantation d'oliviers, dans la campagne de Provence. Entre autres choses j'ai remarqué qu'il attribuait aux arbres de son parc des noms individuels, ce dont je n'aurais jamais l'idée avec les miens. Il y a un passage intéressant où il médite sur sa condition d'immigrant installé dans les Alpes-Maritimes. Il évoque en passant «les grandes hordes de chômeurs arabes, venant de Tunisie et du Maroc», qu'il a l'air de tenir en piètre estime. Pour sa part, il juge que rien ne lui est dû a priori. «Vous devez obtenir la permission de rester là. En tout cas vous le deviez, de mon temps.» Il raconte comment peu à peu et non sans difficultés il a pu se procurer d'abord la carte grise, qu'il fallait renouveler tous les trois mois, puis la carte de séjour orange, qui autorise à travailler, enfin la carte bleue de résidence, valable dix ans. Il explique que la gestion de son domaine, notamment la vente du foin et le pressage des olives, lui valait le statut d'exploitant agricole. Il avoue avoir envisagé de demander la nationalité française, mais y avoir renoncé en considérant que si jamais son pays natal et son pays d'accueil venaient à entrer en conflit, et s'il était appelé à tirer sur ses anciens compatriotes, cela lui paraîtrait inconcevable. Il s'est dès lors consacré à n'être qu'un bon résident. Je trouve ce scrupule très honorable.