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Journal documentaire
18 décembre 2019

lettres à nimier

Unknown

Lu en diagonale les Lettres à Roger Nimier, de Jacques Chardonne, dans une édition de poche pourrie, en «Cahiers Rouges», trouvée dans une boîte à livres. Les pages se détachaient à mesure que je les tournais, le lot va maintenant filer direct à la déchette. Le truc marrant est que c'est une fausse correspondance. Chardonne invente toutes ces lettres, qui ne sont que des pages sans date ni formule de politesse, y compris les quelques réponses supposées de Nimier. Quand le livre paraît en 1954 Nimier n'a pas trente ans, Chardonne en a soixante-dix. C'est un vieux baron des lettres qui peut se la péter en écrivant par exemple «Quand Apollinaire m'a apporté le manuscrit de ...» (p 74). Le coup de la fausse correspondance est une bonne idée, qui permet à l'auteur de causer de choses et d'autres de façon informelle, sur un ton badin. Cela m'a amusé au début, et bientôt lassé. On sent que le vieux Jacques pérore, fait le beau, mais n'a pas grand chose à dire. Il porte volontiers des jugements à l'emporte-pièce sur les écrivains contemporains, pour faire jaser. Ses histoires de vacances à la montagne et de voisins neurasthéniques ne m'ont pas passionné. J'ai le mieux aimé quelques remarques ponctuelles, ainsi sur l'épouse : «Un bon critique aussi, c'est l'épouse, elle vous fait sentir le peu que vous êtes. C'est indispensable pour la bonne tenue» (34). Ou sur la guerre d'Espagne : «Je ne crois pas que la victoire de la Révolution espagnole (révolution soutenue par la Russie, sinon fomentée par elle) eût été heureuse pour la France» (81-82). Rétrospectivement quelques formules font froid dans le dos, ainsi «méfiez-vous de l'alcool, des belles voitures» (115) ou «Il y a quelques mois je vous conseillais de vivre longtemps comme fit Gide» (234) s'adressant au pauvre Nimier, qui va se tuer en voiture en 1962, à 36 ans. Ce livre m'attirait mais m'a un peu déçu par son inconsistance. Plusieurs fois en le parcourant je me suis dit que j'y aurais été plus attentif, s'il s'était agi de vraies lettres, mais ce n'est peut-être qu'illusion.

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