Actualité de la Recherche en Emmerdements
L’on attire mon attention sur les malheurs d’un certain Monsieur M, théatreux suisse et «passionné par la culture africaine», qui s’est mis dans les ennuis un beau jour de l’été dernier, au festival d’Avignon. Deux innocents Africains jouaient paisiblement du tam-tam sur la place publique (on apprend dans son rapport qu’ils appartiennent à l’ethnie Bobo, c’est trop beau, c’est trop bobo !), quand de très méchants CRS sont ignoblement venus contrôler leur identité. Soulevé d’indignation à la vue de ce terrible crime contre l’humanité, Monsieur M est allé souffler dans le nez des agents. Mal lui en a pris, car il s’est fait rudement remettre à sa place, a passé la nuit au poste, et se retrouve avec un procès au cul pour outrage à l’autorité publique. Il nous assure qu’il n’a rien fait pour mériter ça et recherche des témoins qui confirment sa version des faits. Je ne peux rien pour lui, je n’y étais pas. J’ai d’ailleurs passé toute ma vie à tâcher de me tenir sans cesse le plus loin possible des gens de théâtre et des joueurs de tam-tam. Désolé, donc. Mais je relève que Monsieur M, qui se proclame non violent et se plaint d’avoir été brutalisé, a l’air parfaitement indifférent à la violence que représente le fait de jouer du tam-tam dans la rue. Il m’est arrivé de subir cela, je ne l’oublierai jamais et tous ceux qui ont eu à le subir le savent : l’abruti qui a le sans-gêne de jouer du tam-tam dans la rue rend impossibles, dans un rayon de plusieurs centaines de mètres, des activités comme lire, écrire, méditer ou murmurer. C’est un ennemi de l’esprit, un ennemi de la civilisation, un ennemi de la tranquillité. Qu’il soit par la race noir, blanc, ou vert à pois rouges, le rôle de la force publique, qu’elle ne remplit que trop rarement, doit être de l’empêcher immédiatement de nuire, et de le taxer d’une amende assez salée pour lui faire passer l’envie de recommencer. Voilà ce qui me paraît le plus important de dire sur la question.