Eléments 122

Si je ne connaissais déjà Eléments sous de meilleurs jours, ce n'est pas le dernier numéro paru (122) qui me déciderait à m'y abonner, avec son dossier central «Sale temps pour l'oncle Sam», lourdement anti-américain. Je ne sais qui la revue espère convaincre en étalant complaisamment toutes ces photos de leaders latinos tiers-mondains, avec leurs trognes de maquereaux à bagouzes complètement abrutis, mais ça ne sera pas moi. Quand je considère par exemple dans quel interminable merdier guérillo-terroriste un pays comme la Colombie croupit depuis des lustres, je ne vois pas ce qui pourrait lui arriver de mieux que de se faire enfin libérer par les Yankees. Bon, parlons d'autre chose. Mes pages préférées sont l'article de Pierre Barrucand contre la psychanalyse et celui d'Eric Werner, vraiment lumineux, sur Tocqueville et Constant.

Comments

[Talmont]

http://www.labyrinthe.fr//Site2/edition.asp?refer2=LAB0113&cat=liv

[Lapinos]

L'aveu que je lis très rarement "Éléments" comme "Le Monde diplo" ne me coûte pas beaucoup, Tlön.

Je les lis cependant assez souvent pour savoir qu''"Éléments" n'est pas "tiers-mondiste". Vous semblez que le "tiers-mondisme" a été inventé pour déguiser la propagande soviétique anti-américaine. Entre un suppôt du capitalisme yanki et un agent de Moscou, il n'y a sans doute pas beaucoup de place, mais tout de même…

J'évoquais le cas du Chili pour bien montrer que votre foi dans les valeurs libérales n'est qu'un préjugé. Le "libéralisme", d'abord, ça ne veut rien dire. On peut tout aussi bien soutenir que le régime de Pinochet était libéral ou qu'il ne l'était pas du tout.
Ce qu'on constate, au-delà des discours, c'est que le Chili, beaucoup moins riche en ressources naturelles qu'un pays comme le Vénézuela, par exemple, s'est renforcé beaucoup plus que tous ses voisins d'Amérique du Sud.

Sauf si l'on veut jouer sur les mots, on ne peut nier qu'il existe un colonialisme yanki, que les yankis envoient des troupes d'occupation dans certains pays du globe, qu'ils font chuter certains potentats, en imposent d'autres, etc.
Les résultats de cette politique, où sont-ils ? Difficile de soutenir qu'ils sont au Moyen-Orient. Quant à l'Amérique du Sud, à l'exception de deux ou trois pays, la faillite est partout, au point que certains parlent d'"énigme" tant la banqueroute économique et politique de ces pays est surprenante au regard de leurs richesses naturelles.

Je ne peux pas m'étendre ici sur la comparaison entre la décolonisation française et britannique, Monsieur Billé m'a déjà reproché de coloniser un peu trop son blogue… Je vous renvoie à des historiens qui ne se paient pas de mots pour le bilan positif des trente ans de présence allemande en Afrique (Hitler n'était guère colonialiste, lui, vous avez raison sur ce point).

[Ibis]

Bon mais quand même, il y a aussi Piero Barcelona dans ce numéro d'Eléments (dois-je préciser que je préfère sa peinture à sa philosophie ? (Enfin, quand je dis "je préfère", c'est surtout que l'une m'est plus accessible que l'autre )

[Ludovic]

Je suis en fait d'accord avec vous sur nombre de ces "guignols exotiques" mais justement, l'entretien avec Buela remet les choses à leur place et les opportunistes y sont nommés. (Oui je suis revenu, sans avoir d'ailleurs vraiment pu cesser d'arpenter sur la Toile, les blogs, les pages et les journaux qui m'importent...)

[Ph]

Cher Ludovic,
(dont je salue l'apparition, je vous croyais complètement disparu du net) je suis assez d'accord avec votre mise au point, et vous prie de ne pas lire dans ma note plus que je n'y avais écrit. C'était juste un mouvement d'humeur, je dois avouer que je m'étranglais un peu en ouvrant la revue que j'achète précisément pour y lire ce que je ne peux lire ailleurs, de retomber sur ces tronches de guignols exotiques dont toute la médiaterie n'a de cesse de nous bassiner. Mais vous savez ce que c'est, avec les revues qu'on aime bien, c'est comme avec les personnes, on voudrait qu'elles soient parfaites, et elles n'ont pas toujours la même idée que nous de la perfection...