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Journal documentaire
20 juillet 2020

landes, saint-simon, planchers

corde-piment-espelette-frais-aoc

Il y a des moments où le manque d'entrain me coupe la chique au point que je ne peux plus dire un mot dans mon pauvre journal. Dans ces cas je m'entraîne à inexister. J'y arrive assez bien.
Avant de remonter pour l'été dans mes Charentes, je suis descendu trois jours dans les Landes et jusqu'au Pays Basque. J'ai profité de l'occasion pour me recueillir sur la tombe du regretté Michel Ohl, à Onesse, où je ne m'étais encore jamais rendu. Ce n'était pas une mince affaire, car ne connaissant pas l'emplacement j'ai dû parcourir les allées l'une après l'autre sous un soleil de plomb, avant de découvrir que le tombeau recherché se trouvait tout au fond du cimetière. Chemin faisant j'ai remarqué le nom d'une famille Brassenx. Sur la route ce jeudi-là je me suis aussi arrêté examiner les vitraux des églises de Léon et de Moliets, sans grande surprise. A Capbreton, où j'étais hébergé, je me suis baigné deux matins de suite entre sept et huit heures sur la plage déserte. C'était très vivifiant. Je n'ai guère nagé, disons que je suis allé me faire bousculer par les vagues, qui se jettent là sur le rivage avec une grande brusquerie. J'ai trouvé par terre un petit soldat en plastique de la même couleur que le sable. Un objet chinois, millésimé 2015 sous le socle. J'ai gravi en voiture le mont Artzamendi, où se promènent plein de petits chevaux sauvages. J'ai visité les belles villes d'Ainhoa et Espelette. J'ai lu dans Wiki qu'Ezpel c'est le buis, Espelette la buissaie. Dans les ventas de Dancharia j'ai acheté quelques vivres, et un bon bâton de marche, au pommeau formé par un noeud du bois. Je me suis aussi promené dans les vieilles rues de Bayonne, sur les rives de l'Adour et de la Nive. La cathédrale contient une quantité de vitraux, que je n'avais pas le temps d'étudier. La plus belle partie du bâtiment m'a paru être le déambulatoire, orné de peintures jusqu'au plafond.
J'ai fini de lire le volume de Saint-Simon que j'avais acheté à Cestas le mois dernier (voir au 9 juin). Je n'arrive pas toujours à suivre tout ce que raconte le mémorialiste, mais c'est assez divertissant. Il y a vers la fin une scène où Monsieur, peu avant de mourir d'une attaque, se prend une terrible engueulade avec son frère le roi : «ils se mirent tous deux à se parler à pleine tête.» On en voudrait un enregistrement. Un plaisir de cette lecture sont les belles formules que l'on y trouve, et dont je ne sais pas toujours dire si elles tiennent au style de l'auteur, ou si ce sont simplement les tournures de l'époque. J'ai vu qu'il disait «dans la vérité» pour «en vérité», par exemple. J'ai remarqué aussi que sa belle plume ne s'embarrasse pas plus que ça à rechercher l'euphonie («... qui a fait en son temps tant de bruit...»), à éviter les répétitions, ou à économiser les adverbes en -ment («Il lui commanda bien précisément d'achever premièrement...»). Mais quel charme. «Lui ni Madame n'avaient pas mal au bout du doigt, que le Roi n'y allât dans l'instant, et souvent après pour peu que le mal durât.»
Dans ma vieille maison à la Croix-Comtesse, j'ai entrepris des travaux dans les greniers situés au-dessus de la partie habitable, pour installer de l'isolation par endroits et rénover les planchers pourris. Avec mon ouvrier nous avons rempli plusieurs grands seaux de déchets en nettoyant la place et en commençant d'arracher des planches. Comme je ne suis pas du genre à bazarder en vrac, je trie ensuite à la main le contenu des seaux : petits gravats que je déposerai dans l'entrée de bois que j'empierre indéfiniment, fragments de bois que je garde pour allumer le feu, morceaux de plastique ou de métal que je destine au recyclage, enfin poussière générale et toiles d'araignées que je répands sur mes parterres. Au cours de l'opération j'ai récupéré un petit objet qui me plaît, un minuscule crâne, dans les deux centimètres de long, celui d'une souris j'imagine, avec les très fines incisives orange.

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