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Journal documentaire
18 octobre 2019

ce vendredi

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J'ai passé la journée en dehors de chez moi. En grande partie. Ce matin je suis allé en voiture sur le campus pour y participer à une collecte de détritus, de dix heures à onze heures et demie. Après quoi j'ai traîné un peu dans la fac, j'ai acheté deux savonnettes à la Coop, j'ai failli rentrer chez moi parce qu'il s'est mis à pleuvoir, mais ça s'est arrêté et je suis allé chercher un sandwich au bureau de tabac, puis j'ai pris le tram pour Bordeaux, jusqu'aux Chartrons. J'étais assez content de revoir le quartier. J'y allais pour la curiosité de voir la façade du 23 rue du Couvent, où Georges de Sonneville a vécu plusieurs années. C'est une maison mitoyenne en pierre de taille, bien dans le type de ses voisines, située non loin de la rue Notre-Dame, avec une curieuse porte centrale dont le haut est en forme de cloche. De là j'ai gagné le centre-ville en suivant la longue ligne droite qui commence par la rue Foy, traverse les Quinconces, où se tient en ce moment la foire aux manèges, et aboutit rue Esprit des Lois. Je suis monté au Grand Théâtre et j'ai pris la rue Sainte-Catherine jusqu'à la rue Margaux, où je voulais voir le numéro 12, qui fut la maison de Georges Pancol. Mais il n'y a plus de numéro 12, on passe du 10 au 14, et dans la portion de rue intermédiaire, à cet endroit surplombée par une passerelle, le 12 est indistinct. Je m'étais fixé pour objectif suivant de gagner la grande bibliothèque municipale, à Mériadeck. J'ai fait tout le trajet en marchant, et chemin faisant, pour m'égayer, j'ai commencé de noter des bribes de conversation pour constituer un poème de reportage. En cours de route je suis passé par la place Gambetta, en plein bouleversement depuis des mois. J'ai parlé à un ouvrier, qui m'a dit que l'ancien petit étang se trouvant sur cette place avait été supprimé et serait remplacé par une fontaine. C'est un peu dommage mais cela vaut sans doute mieux, car vu l'indiscipline de la population, cette pauvre mare devait être un véritable égout sans cesse rempli d'immondices. Enfin je me suis rendu jusqu'à la bibli via le centre commercial d'Auchan et le plateau de Mériadeck. Il y avait longtemps que je n'étais venu là. Les parois extérieures de la bibliothèque, toute en vitres, ne me plaisent pas, mais j'aime bien à l'intérieur les gros piliers en béton gris lisse, et le système d'escalators avec des petites lumières vertes au ras du sol. Je venais là pour y consulter certain recueil de poèmes dont j'avais entendu parler, et qui semble à peu près introuvable ailleurs dans la région. Comme ledit recueil est conservé en magasin, il fallait, pour que j'aie le droit de demander à ce qu'on me l'apporte, que d'abord je me fasse refaire une carte de lecteur, car celle que je trimballe en vain dans mon portefeuille depuis un quart de siècle s'est avérée périmée. C'était ennuyeux mais au moins l'opération était gratuite et j'ai fini par obtenir ce que je voulais. J'ai ainsi satisfait ma curiosité, confortablement installé dans un fauteuil à l'écart des grandes tablées, mais à la vérité j'étais un peu déçu par les poèmes, qui ne me disaient pas grand chose. En souvenir j'en ai quand même recopié un des plus brefs, qui me plaisait un peu :
Soir parfait
au bord du froid
un rouge-gorge
traîne.
Avant de repartir j'ai aussi copié quelques vers d'un autre poème, où il était question d'un petit crapaud jaune, afin de les offrir au copain à qui j'allais rendre visite ensuite. Et j'ai repris ma route, cette fois-ci vers la place de la Victoire et la rue Elie Gintrac.  Avant d'y arriver, j'ai eu le temps de recueillir les dix fragments nécessaires pour constituer un solide poème par bribes : 
C'est je dirais avril, mai, juin...
On se rappelle, tu sais...
Mais je les range comme ça, mais...
Heu, la salade du pêcheur...
Alors là, je n'aime pas trop...
Et voilà, bonne journée...
Non, je suis curieux, quand même, là...
Tu sais y avait tout le monde à l'enterrement...
J'ai dit on se calme, le Breton...
Ben moi aussi, je t'avais pas reconnu...
Enfin j'ai retrouvé Hubert, l'homme dont le totem est un crapaud, et qui ces jours-ci expose en son atelier les oeuvres de nos amis Christophe et Martin. Mais l'atelier en question, baptisé Château Palettes, est un tel capharnaüm, qu'il est difficile de n'y voir qu'une expo, sans explorer aussi les divers passages, paliers, passerelles et recoins, ce à quoi je m'employai un moment. Le maître des lieux me servit aimablement une infusion de thym sucrée au miel, et nous discutâmes de choses et d'autres. Il tient pour une hérésie de cuisiner les cèpes avec de l'ail et du persil, comme de mettre du citron sur les huîtres. Je comprends mieux le deuxième point que le premier. Après quoi j'ai repris le chemin de la banlieue. Dans le tram au retour comme à l'aller j'ai feuilleté sans conviction Les épées, de Nimier, un livre de poche trouvé naguère. Le premier paragraphe est formidable, mais au bout de quelques pages, j'ai réalisé que ça ne m'intéressait pas, même s'il y a quelques belles formules ici et là. Après avoir récupéré ma voiture sur le campus, au lieu de rentrer directement chez moi, je suis allé me garer près de l'étang d'Ornon, pour revoir les oiseaux d'eau un moment. J'y suis resté un petit quart d'heure. En résumé, il y a bien quelques oies cendrées, quelques bernaches, quelques colverts et quelques poules d'eau, et deux petits mystères. L'un est qu'il semble n'y avoir qu'un seul canard musqué, pas même un couple. L'autre est qu'il y a un canard atypique, que je n'arrive pas à identifier. Il ressemble aux colverts et nage avec eux, il a leur gabarit, la tête et le cou verts comme les mâles de l'espèce, mais il n'a pas le petit collier blanc si net chez les autres, son bec n'est pas jaune mais gris, et le plumage de son corps me paraît aussi légèrement différent. Il était près de six heures, quand je suis enfin rentré.

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