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Journal documentaire
27 avril 2019

godard

J'ai regardé Godard s'exprimer trois minutes. Toujours les mêmes oracles à deux balles, les mêmes paradoxes creux, et sur le même ton sentencieux, mais maintenant avec la voix chevrotante. Je n'ai jamais pu le supporter, même quand j'étais de gauche.

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« Plieux, mardi 16 avril 2019, minuit. Hier, oui, je crois que c’était hier, mais tout paraît très loin à cause de la tragédie de Notre-Dame, entre-temps — hier, donc, à la radio, j’entendais Jean-Luc Godard, longuement interviewé à Rolle. <br /> <br /> <br /> <br /> Il a quatre-vingt-huit ans. Et certes on pourrait penser que certaine inconsistance du propos, chez lui, tient à son âge. Cependant je l’ai souvent entendu, à bien d’autres âges de sa vie, et j’en ai toujours retiré la même impression frustrante : il ne dit rien. Il parle, certes, il parle même beaucoup, avec cette inimitable élocution légèrement zozotante et vaudoise, mais il ne dit rien. La différence est que jadis je n’osais pas me l’avouer. J’admirais beaucoup Godard, j’aimais ses films des années soixante, j’étais persuadé qu’il était l’intelligence personnifiée ; et donc, si je ne comprenais rien à ce qu’il disait, si je n’entrevoyais même pas qu’il pût y avoir dans ses propos quoi que ce soit à recueillir, je n’en incriminais que moi, j’accusais ma mauvaise écoute, mon manque d’attention, ma propension à la distraction, comme lorsqu’on entend des symphonies de Bruckner. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais non. Godard ne dit vraiment rien. Il parle, il n’en finit pas de parler, il assène, même, et sur un ton très péremptoire ; mais il ne dit rien. Comme il passe, et certainement à juste titre, pour très intelligent, on attend à tout moment la phrase en forme d’éclair qui va illuminer tout le paysage, comme dans les symphonies de Bruckner, et allumer les lampes des modestes demeures isolées, dans la vallée. Mais cette phrase-là ne vient jamais. Or une immense partie de la longue modernité me semble présenter le même trait. Elle est, sur un mode parfois très bavard, une énorme renonciation au sens, son éternelle remise à plus tard, toujours soupçonné qu’il est, et certes à juste titre, la plupart du temps, d’être bête, laid, fastidieux et volontiers criminel. »
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