panne de swatch

Vers la fin du mois dernier, ma montre est tombée en panne. J'en ai moins besoin en vacances qu'à la ville, mais tout de même, c'était ennuyeux. J'ai ici l'heure à une petite horloge électrique dans la salle à manger, au tableau de bord de ma voiture, et au coin de l'écran de mon ordi. Mais il y a des moments où je ne suis ni dans ma salle à manger, ni en voiture, ni devant mon ordi, et où j'aime bien savoir l'heure. Tant pis, me disais-je, il va falloir passer tout le mois d'août sans montre, en attendant de rentrer à Bordeaux. Car la mienne est une Swatch, et j'entends bénéficier de l'excellent service rendu par la boutique bordelaise, qui non seulement remplace la pile gratuitement, mais la remplace par une pile de qualité, durable des années, au lieu de ces piles chinoises pourries que l'on paie très cher dans les bureaux de tabac et qui ne marchent plus au bout de trois semaines. Puis j'ai pensé que je disposais de la montre de ma pauvre mère, dont j'ai hérité au printemps. Une Swatch à bracelet noir, elle aussi, comme la mienne, mais plus petite. Je suis allé la chercher. Elle était à l'heure d'hiver, mais elle marchait. Je l'ai mise à l'heure et me suis mis à la porter. Mais voilà qu'à son tour elle est tombée en panne, avant-hier. C'est une fatalité, je vais quand même passer la fin de mon séjour à la campagne sans montre. En attendant, chaque fois que, n'y pensant plus, je regarde machinalement mon poignet, mon regard tombe sur ce fantôme : la bande de peau plus pâle, à l'endroit où il n'y a plus de montre.