quarante-neuf îles

En février 2001 j'ai publié une Lettre documentaire (Ld 344, reproduite hier dans ce blog) consacrée au sujet des îles. Entre autres choses j'y faisais remarquer que l'on cite plus facilement la liste des pays que celle des îles, où l'on est allé. Cela demande un peu plus de réflexion. Après avoir indiqué celles qui me revenaient en mémoire, je demandais à mes lecteurs où eux s'étaient isolés. J'ai reproduit dans la Lettre suivante (345) une carte que Bruno Richard avait dessinée de son île natale, Maurice, et qu'il m'avait envoyée quelques années auparavant. Et un peu plus tard, en avril, j'ai consacré une autre Lettre (349) aux réponses que quatre amis correspondants avaient données à ma question : Michel Ohl, Dominique Meens, Daniel Baudouin, Bruno Richard me parlaient de leurs îles. Ce sujet des îles me plaisait bien, mais je n'y suis pas revenu souvent, si j'en crois l'index de mon Journal. En mars 2014 j'ai rapporté un rêve dans lequel j'attribuais à Gómez Dávila d'avoir dit, en anglais, «We need to live in islands» (Il nous faut vivre dans des îles). En juillet de la même année, j'ai évoqué dans une note les quatre îles de la Charente maritime. Et en décembre 2016 j'ai composé ce tercet minuscule : «Que se passe-t-il / Là-bas dans les îles / Andaman, Kouriles?» Entre temps je ne pense pas avoir découvert beaucoup de nouvelles îles, mais au moins vers chez moi l'île Madame et l'île d'Aix, et dans le bassin d'Arcachon l'île aux Oiseaux, dont j'ai fait le tour en bateau sans y aborder.
         J'ai repensé à ces questions le 10 juillet dernier, lors de la fête à Lucien, quand un des participants, Didier Lesaffre, a lu quelques textes en prose, tous consacrés aux îles. Depuis lors l'auteur a bien voulu me faire connaître en entier son recueil portant sur Quarante-neuf îles (Lesaffre_49iles). Ce sont des compositions brèves, en quelques lignes, tout au plus deux trois pages, évoquant des îles de tous horizons par quelque anecdote, détail, souvenir, ou autre considération. C'est bien vu. La plupart de ces îles ont été visitées par Lesaffre, qui à l'occasion ne s'interdit pas de jouer avec l'imagination. J'ai peu d'îles en commun avec lui : la Grande Bretagne, Lille, Venise, et Oléron, où j'avais moi aussi remarqué l'arrivée subite et massive des moustiques, au coucher du soleil. Ces pages me rapportent d'autres souvenirs : le port de Breskens, où je fus jadis, le service des Phares et Balises, dont je partage les initiales, ou encore le nom de Chausey, île d'où était parti en 1604 Jean Mocquet, qui écrivait alors Chozé. Mais j'ai aimé lire ces Quarante-neuf îles pour ce que j'y découvrais, plus que pour ce qu'il me rappelait. Il y a là un bel archipel à sillonner.