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Journal documentaire
15 juillet 2018

voyage aux pôles, 7

800px-Odo_bayeux_tapestry

Bon, faut pas non plus idéaliser le contenu des églises, je suis tombé l'autre jour sur une crèche en bonshommes Playmobil, qui n'était pas du meilleur goût. En cette fête de saint Donald, nous repartîmes du Havre sans en avoir vu grand chose, mais on ne peut pas tout faire, et nous franchîmes la Seine sur le nouveau grand pont dit de Normandie. Avant de prendre la route, qui s'annonçait longue ce jour-là, nous fûmes passer une heure à Honfleur, sur le conseil de nos hôtes havrais. Bon conseil, car tout le tour du port est vraiment charmant, avec ses vieilles maisons en brique et en bois. Il y a une remarquable église toute en bois, que nous ne visitâmes pas, pour cause de messe en cours, car nous n'aimons pas déranger. Nous roulâmes ensuite jusqu'à Bayeux, où nous déjeunâmes de sandwiches avant d'aller voir la fameuse tapisserie épique de 68 mètres de long, dite de la reine Mathilde. C'est le rare cas où un musée est consacré à un seul objet, mais il mérite cet honneur. L'oeuvre figure et même raconte, en latin, l'invasion normande de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant. Le tracé de la broderie, datant comme les faits du XIe siècle, est emprunt d'une certaine naïveté médiévale, mais il impressionne par l'ampleur de la fresque et par la qualité de nombreux détails. Parmi ceux qui m'ont le plus frappé, les lignes des vagues sur les jambes nues des hommes qui embarquent ou débarquent, et les cadavres que l'on dépouille après la bataille de Hastings. Nous visitâmes encore l'imposante cathédrale Notre-Dame avant de quitter Bayeux, ville recelant donc au moins deux trésors, mais dont l'ambiance générale m'a paru assez fade. Nous poursuivîmes notre longue route de ce jour jusqu'à Cherbourg, où nous devions loger à l'hôtel Kyriad, dans la banlieue nommée Equeurdreville, sise à côté d'une autre curieusement nommée Hainneville. Les toponymes en -ville sont aussi nombreux en Normandie que ceux en -ière dans le pays nantais. Avec ma camarade, qui tenait à ne pas rater le spectacle, nous regardâmes la finale de la coupe de monde de football sur le téléviseur de notre chambre. Je ne m'intéresse pas beaucoup à ces divertissements et je dois avouer que, peut-être par dépit de l'exploitation politique qui en est faite, je n'aurais pas détesté que la Croatie gagne, mais ce fut la France. Après quoi nous fûmes dîner de pâtes dans un restaurant de Cherbourg. Il régnait au-dehors, dans les rues du centre, une ambiance hystérique. La liesse populaire présentait là un étalage inquiétant d'imbécillité nationale, à grands renforts de klaxons et de pétards, de drapeaux et de hurlements, de beuverie et d'obscénités. Nous parcourûmes quelques rues, car je voulais à la fois assister un moment au spectacle dangereux mais intéressant de la foule en délire, et voir de quoi la cité avait l'air, mais la plupart des bâtiments présentaient un aspect assez terne. J'avais voulu traverser le Cotentin en espérant vaguement y découvrir un univers exotique, et j'étais déçu de n'y trouver qu'une meute surexcitée au milieu d'une ville grise. Au moins le temps était-il clément et les célèbres parapluies inutiles.

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