ma vie palpiteuse, suite
L’appartement que j’occupe en semaine, c’est à dire du lundi soir au jeudi matin, a beau se trouver en plein Bordeaux, rarement je me suis senti aussi isolé que dans ce logement. C’est que je n’y ai ni radio, ni télévision, ni internet, ni téléphone. Ce n’est pas mal, car je m’y consacre d’autant mieux au plaisir de lire, quelquefois d’écrire, ou seulement à réfléchir. Il m’inquiète un peu de songer que j’aurais du mal à demander de l’aide, en cas de difficulté, mais jusqu’à présent cela s’est bien passé. Je ne profite guère de la ville, quittant la maison sur les huit heures du matin, pour n’y rentrer qu’après dix-huit, d’ordinaire assez fatigué pour n’avoir plus envie que de manger un peu et de me mettre au lit, plutôt que de flâner. Les premiers soirs, le mois dernier, malgré le froid, j’ai visité un peu le quartier, pour voir les ressources qu’il présente. Il y a surtout des épiceries fines et des antiquaires, mais aussi deux supérettes. Au Carrefour City de la rue Notre-Dame, l’autre jour, je n’ai acheté qu’un sandwich au thon, très bon marché : 1,09 euro. La caissière était une sorte d’Orientale, qui n’avait pas l’air d’humeur à plaisanter. Quand elle m’eut annoncé le prix, je lui ai demandé d’un air sérieux si l’on pouvait payer par chèque. Elle a commencé à m’expliquer que ce n’était pas possible, avant de se raviser en comprenant que je blaguais. Elle a même souri et m'a souhaité bon appétit. C’était bien aimable.