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Journal documentaire
3 août 2016

tuilerie

SAM_0352

Dans son angle sud-est, ma maison est prolongée d’un petit bâtiment carré d’environ deux mètres sur deux, que je n’ai jamais bien su désigner. Je ne me rappelle pas si mes grands-parents lui donnaient un nom particulier. Pour moi ce fut longtemps le «poulailler», parce qu’il y eut au moins une période, peut-être brève, durant laquelle ils y élevaient des poules. J’ai des souvenirs très vagues mais très chaleureux d’y être allé, enfant, fouiller les nids de paille à la recherche d’oeufs. Bien plus tard, mon expérience de promeneur à la campagne m’a conduit à supposer qu’il s’agissait plus sûrement d’une étable à cochon, une soue. Je le nommai dès lors la «cochonnerie», sans être bien sûr que l’appellation soit plus explicite pour mes interlocuteurs (parents, voisins, visiteurs, artisans…). Le maçon qui a réparé cet édicule l’appelait le «toit à cochon», me semble-t-il. Moi-même, depuis que je suis propriétaire, je ne m’en suis servi que pour stocker du fagot, pendant plus de quinze ans. Mais enfin dernièrement, comme j’avais considéré plus d’une fois que ce local insuffisamment ventilé n’était pas bien fait pour cet usage, et comme par ailleurs je cherchais un endroit où ranger un tas de vieilles tuiles, qui encombrait la terrasse voisine, j’ai décidé de débarrasser ce qui restait là de fagot, et de faire de cette dépendance ma «tuilerie». J’ai donc passé quelques jours, au début de l’été, à manipuler et à trier non seulement toutes ces tuiles, mais aussi d’autres qui traînaient dans différents coins du jardin, et que j’ai rassemblées. Je peux maintenant dire que je possède, dans ma tuilerie, une centaine de tuiles modernes, et sept cents et quelques tuiles anciennes. Les modernes comprennent pour un quart des très modernes, crantées, du XXIe siècle, et pour le reste de simples tuiles bien droites, du XXe siècle. L’exercice le plus intéressant pour moi a été d’examiner une à une toutes les tuiles anciennes, et de me confronter au mystère de leur histoire. De quand datent-elles, quelles sont les plus vieilles, se peut-il que certaines remontent jusqu’au XVIIIe siècle, je vais continuer de l’ignorer, faute de disposer d’une typologie. Toutes sont de forme plus ou moins irrégulière, parce qu’elles sont de facture artisanale et non industrielle. Je crois savoir maintenant mieux distinguer celles de dessous, les courants, plus plates, et au dos cambré, destinées à reposer sur le plancher du toit par les deux bouts, et celles de dessus, les chapeaux, plus rondes, et au dos bombé, reposant sur les courants par les quatre coins. Pour le reste, leur variété de taille, d’épaisseur et de couleur, demeure à mes yeux une intrigue.

 

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