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Journal documentaire
27 avril 2016

ma vie palpiteuse, suite

historiasdelbarriocaminosA la Croix, où j'étais le week-end dernier pour un enterrement, mon internet-téléphone était en panne la moitié du temps. Et j'en suis reparti en oubliant le câble de rechargement de mon ordi, ce qui n'arrange pas mes affaires. Je vais passer quelque temps dans cet inconfort supportable. J'en suis dédommagé par deux grands plaisirs de lecture, dans des genres très différents.

D'une part, les Historias del barrio, bandes dessinées par Bartolomé Segui, où le scénariste Gabi Beltrán relate des scènes de son adolescence délinquante, à Palma de Majorque. Je les ai lues dans l'édition espagnole (Astiberri, 2011) mais elles avaient d'abord paru en catalan (Histories del barri) et ont été reprises depuis en français chez Gallimard (Histoires du quartier, 2013). Il y en a aussi un deuxième volume, sous-titré Caminos (2014, Chemins, 2015) aussi bon que le premier. Par coquetterie d'écrivain, l'auteur entrelarde les sept ou huit récits de chaque volume, de fragments d'un texte dans lequel il évoque un retour ultérieur à Palma et la mort de son père. Ce n'est pas sans intérêt, mais cela complique inutilement les livres, dont les épisodes dessinés se passeraient aisément de ce placage textuel. Un autre point douteux est que la voix off des images est souvent imprimée en noir sur fond marron ou gris, ce qui n'aide pas. Hormis ces réserves, j'ai beaucoup aimé ces histoires prenantes de vol et de bagarre, de shit et de putes, de rêverie aussi par moments. Il m'a plu de sentir la distance prise par l'auteur, maintenant tiré d'affaire, vieilli et assagi, vis-à-vis de ses errements de jeunesse dans un univers de crapulerie, dont il sentait confusément qu'il devait s'arracher. Le point de vue complaisant, selon lequel les agissements de l'individu sont déterminés par son milieu, y est régulièrement contredit par la conscience individuelle du mal accompli. Celui qui vole, agresse, croupit et trafique, le fait d'abord parce que son âme médiocre s'en accommode.

D'autre part Contre les dégoûts de la vie, un copieux recueil de critiques littéraires signé Jean Dutourd (Flammarion, 1986), dont je n'ai encore lu qu'une petite partie, mais qui me ravit toujours autant à chaque page que je tourne. Par sa finesse de jugement et sa justesse d'expression, Dutourd retient l'attention y compris en parlant de livres ou d'auteurs que nous n'avons pas lus, que nous ne lirons pas, ou qu'il n'essaie pas forcément de nous donner envie de lire. Il s'emploie très honnêtement à faire savoir ce qui lui plaît, sans cacher le cas échéant ce qui lui déplaît. C'est remarquable et je ne m'y ennuie pas un instant. L'évocation de Dutourd me rappelle cette anecdote, d'il y a quelques années. J'avais passé une note favorable, sur lui, dans Facebook. Là-dessus un de mes lecteurs de gauche se récrie, que Dutourd n'était qu'un gros con de droite, point à la ligne. J'imagine que mon lecteur n'avait pas passé beaucoup de temps à lire l'écrivain, et le condamnait sur sa réputation. Le détail piquant est que quelques jours auparavant, j'avais diffusé une pensée bien sentie de Dutourd, sans indiquer l'auteur. Or le même lecteur l'avait applaudie, sans se douter...

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