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Journal documentaire
12 avril 2016

Scut revisité

Unknown

Autant j’avais été enthousiasmé, voilà quatre ans (x), par la découverte du premier volume des Inscriptions de Louis Scutenaire, autant la lecture ces temps-ci de l’anthologie de ses textes publiée par Raoul Vaneigem chez Seghers (dans la collection Poètes d’aujourd’hui, 1991) m’a laissé froid. La longue préface de Raoul ne met pas bien en train : elle renseigne correctement sur la vie et les oeuvres de Louison, mais elle accable par le ton lugubre et sentencieux de curé marxiste. L’on y a toutefois des surprises, comme la longue citation p 24-26 où Scut évoque le souvenir de soldats allemands  bienveillants envers les Belges pendant la Première guerre, dans son enfance, ou p 63 cette considération inhabituellement nuancée de Vaneigem : «Mieux vaut fréquenter un homme de coeur avec des idées de droite, qu’un homme de gauche qui a le coeur à droite. Arletty, dont le cul ne connaissait point de patrie, est à mon sens plus fréquentable qu’un Sartre, qui cautionne l’exécution de Brasillach après avoir intrigué sous l’occupation pour que ses pièces soient jouées.» Le choix des oeuvres de Scut, dont beaucoup d’extraits des Inscriptions, ne m’a pas non plus emballé. Beaucoup de platitudes, beaucoup d’âneries, beaucoup d’invectives anti-«riches» et anti-chrétiennes qui ne brillent ni par la profondeur, ni par la subtilité. Là aussi, on se console avec les rares passages des Inscriptions II où l’auteur semble s’arracher quelque peu au dogmatisme («Prolétaires de tous les pays, je n’ai pas de conseil à vous donner», 123) ou au manichéisme («Je reconnais que les idées de gauche et bien des hommes de droite ne me déplaisent pas comme les idées de droite et bien des hommes de gauche», 124). J’ai aimé la juste noirceur de «Il y a des Oradour partout où les hommes ont passé» (117). J’ai aimé quelques vers de sa jeunesse, comme l’évocation sensuelle d’«Estaminet» («Elvire guide sous ses jupons / Les deux mains d’Ernal Balé / Habituées à ce terrier / Pas étonnées de s’y trouver», 77) ou les deux quatrains de «L’Automne» («Le tarin se suspend aux aulnes effeuillés …», 73. Il apparaît en d’autres points que le poète connaissait bien les oiseaux, ce qui est un trait aimable).

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