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Journal documentaire
26 mars 2016

petites lectures

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Dernièrement j’ai lu et bien aimé, puis relu et raimé, la nouvelle bande dessinée de Paco Roca, La casa (Astiberri Ediciones, 2015). La maison est celle qu’un prolo économe et industrieux a réussi à construire lui-même, sur un petit terrain à la campagne. Il est devenu veuf puis est mort à son tour. Un an plus tard, ses deux fils et sa fille, avec leurs conjoints et leurs propres enfants, se réunissent dans la maison pour la rafraîchir avant de la mettre en vente. Ils s’entendent plus ou moins bien, se souviennent et discutent, hésitent à vendre ou pas. C’est amusant, c’est émouvant, et plein d’observations bien vues (la clé qui peine à ouvrir la vieille serrure puis à en ressortir, le frère qui a hérité des talents de bricoleur du père et l’autre non, la campagne où d’autres maisons ont poussé, le bruit du micro-ondes qui fait «rrrrrrrr-plinc», le garage qui sert à tout sauf à garer, le voisin retraité qui a le sens pratique…). Belles pages au format à l’italienne, belles couleurs, beaux cadrages. La dernière scène m’a serré la gorge.

J’ai eu l’occasion de feuilleter plusieurs des recueils de nouvelles pour lesquels l’excellent conteur Miguel Delibes (1920-2010) avait puisé à la source intarissable des histoires de chasse. Je me suis attardé en particulier sur le dernier chapitre de Con la escopeta al hombro (Avec le fusil sur l’épaule), intitulé «Sobre la crueldad de la caza» (Sur la cruauté de la chasse), mais il n’y dit pas grand chose que l’on n’ait entendu dans les infinies discussions sur le sujet. Sa grande formule est que la chasse n’est pas un sport cruel (l’adjectif est le même en espagnol) mais un sport «cruento», c’est à dire sanglant, ce qui ne fait pas beaucoup avancer le débat. Tout en admettant la rudesse de l’activité, il se présente comme un chasseur scrupuleux, non sadique, soucieux d’éviter au gibier la souffrance inutile, autant que possible. Je m’étonne qu’il ne parle pas du rôle de la chasse comme régulatrice des populations, ce qui est sans doute sa meilleure justification.

J’ai lu hâtivement la brochure de Tzvetan Todorov sur Les abus de la mémoire (2004), ouvrage mince mais intéressant, dans lequel on peut apprécier que l’auteur se risque à réprouver la loi Gayssot, et à comparer Auschwitz et la Kolyma. Un passage, où il commente le zèle des dictatures à tenir leurs crimes secrets et à en effacer les traces, m’a fait penser qu’avec le mouvement islamiste, au contraire, nous sommes en présence d’une tyrannie qui ne se lasse pas de divulguer ses atrocités.

J’ai découvert que Hubert-Félix Thiéfaine avait sorti en 2014 une chanson sur «Karaganda», dont le refrain dit «C’est la voix de Staline, c’est le rire de Béria / C’est la rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa / C’est le cri des enfants morts à Karaganda». Je dois avouer que ni la forme des paroles, ni la musique, ne me font grande impression (j’avais mieux aimé, il y a quelques années, «La ruelle des morts», seule autre oeuvre de lui que je connaisse) mais je suis positivement surpris qu’un chanteur français de nos jours ait eu l’idée peu commune de consacrer une chanson à un bagne communiste.

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