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Journal documentaire
23 octobre 2015

espéranto

Unknown

L’espéranto ne m’a jamais paru bien convaincant, mais je suis allé assister avant-hier à un exposé sur le sujet, qui était proposé par trois personnes, dont un professeur que je connais et qui a toute mon estime. Peu de gens ont moins besoin d’une langue de secours que cet érudit polyglotte, aussi son intérêt pour la question me rendait curieux. A vrai dire je n’y ai guère appris plus que dans l’article de Wikipédia, que j’avais lu dans la journée. Création ingénieuse d’un médecin juif polonais philanthrope, préoccupé par la mésentente entre les communautés allemande, russe, catho polonaise et judéo-polonaise, cette langue «construite» (comme on dit pour ne surtout pas dire «artificielle») s’est avérée au fil du temps parfaitement incapable de ramener la paix parmi les hommes. Après bientôt cent trente années d’existence, elle n’est toujours parlée que par un très faible nombre de locuteurs, et son rôle en tant que moyen de communication international est à peu près nul, à côté des services rendus par les grandes langues comme l’anglais, le français, l’espagnol, l’arabe ou le chinois. Elle n’est pas non plus aussi «universelle» qu’elle se présente parfois, vu que malgré quelques emprunts exotiques, son vocabulaire est essentiellement euro-centré, et majoritairement latino-centré. Il reste qu’elle est un objet intellectuel intéressant, l’exemple d’une langue rationnelle simplifiée à l’extrême, à la syntaxe sans bizarreries, aux règles sans exceptions. Son étude est un passe-temps peut-être inutile mais tout à fait décent et légitime, dont on préfèrerait toutefois savoir qu’il ne coûte rien aux finances publiques, mais le soutien que lui apporte régulièrement l’Unesco en fait douter. Sa nature de langue sans épaisseur historique et sans fioritures la rend peu propice à la création littéraire, et je n’ai pas encore entendu dire qu’elle avait servi à produire des chefs d’oeuvre. En attendant, on traduit en espéranto des oeuvres classiques, dont Wiki cite comme exemples Le petit prince, la Bible, et le Manifeste communiste. J’aurais eu d’autres priorités, mais enfin je ne pouvais pas non plus m’attendre à ce que les espérantistes commencent par D’un château l’autre ou le Semainier de l’agonie. C’était une réunion paisible et sympathique. Nous étions une douzaine, peut-être une quinzaine de personnes. On nous a montré quelques livres, dont l’album de Tintin La nigra insulo (L’île noire), qui m’a rappelé que ce titre est le seul traduit en saintongeais (L’ilate nègue), autre langue à peu près inutile, mais traditionnelle. L’un des orateurs inconnus de moi semblait ne s’adresser qu’à ma personne, quand il prenait la parole, et cela me gênait gentiment, mais je tâchais de lui faire bonne mine. L’autre nous a confié qu’il était d’une ville du Bassin où je ne vais presque jamais, mais où par exception j’étais justement allé transpirer dans un hammam, le week-end dernier, avec mon aide de camp. Je n'en ai dit mot, naturellement. Au moment des questions, j’ai demandé aux espérantistes s’ils parvenaient à parler entre eux dans leur langue de façon assez fluide. Ils m’ont avoué que ça n’allait pas aussi facilement. Ils nous ont aussi proposé de nous inscrire à un cours et j’ai décliné, pensez-vous, n’ayant ni l’entrain, ni le temps pour ça…

PS. Je prends bonne note des remarques de mon correspondant Laurent Septier, espérantophone de longue date, déclarant parler l'espéranto couramment avec un ami chinois, bon poète et dont l'oeuvre est écrite directement en espéranto.

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Commentaires
P
J'ai dans l'idée que l'introduction d'une langue de plus, fût-elle simple, ne fait qu'aggraver le problème au lieu de l'alléger, et alourdir les frais de fonctionnement. Que l'anglais soit devenu le latin, c'est à dire la langue universelle, d'aujourd'hui, ne me désole pas. L'injustice est compensée par la commodité...
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D
L’usage de l’anglais comme seule langue internationale pénalise les non anglophones natifs, en particulier dans les congrès ; et la difficulté à comprendre l’anglais parlé serait d’autant plus grande que la langue native présente un spectre vocal plus étroit.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce que l’Espéranto permettrait de mettre à l’aise tous les locuteurs ?
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