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Journal documentaire
20 août 2015

bagatelles revisitées

 

celine_bagatelle

N’ayant rien de spécial à lire cet été, je me suis amusé par moments à revisiter, en ouvrant chaque fois les pages au hasard, Bagatelles pour un massacre. Livre méchant, parfois bête, souvent drôle, superbement écrit. Ayant parcouru naguère la correspondance de Guy Debord, qui déplorait à la fin de sa vie la destruction du Paris qui l’avait enchanté au milieu du siècle, je suis d’autant plus frappé de retrouver sous la plume de Céline une description apocalyptique du Paris des années 30, «ce terrible infernal ramassis, cet effrayant conglomérat de pourritures organiques, inhalantes, expirantes, chiatiques, fermenteuses, fébricilantes, virulogènes» (p 237 et suivantes de ma «90e édition», 1938). J’aime bien les passages russes, où l’auteur raconte des souvenirs sinistres de son voyage à Leningrad. Il y a notamment une évocation de l’hôpital des maladies vénériennes, visité sous la conduite du docteur «Toutvabienovich» (p 117 sq) et vers la fin du livre plusieurs scènes se déroulant dans la même ville (la présentation d’un projet de ballet aux autorités culturelles réticentes, la rencontre d’une vieille pianiste revenue d’exil, la terrible engueulade avec la guide-interprète Nathalie, qui ne laissait pas Ferdine indifférent («Je l’estimais… Je l’aurais bien ramenée à Paris…»)). Pour qui a connu les chansons de jadis, il y a une coïncidence troublante entre ce personnage de jeune femme (nom, fonction, situation, charme) et la Nathalie chantée par Bécaud, sur des paroles de Pierre Delanoë. Céline n’a pas connu cette chanson, lancée en 1964, trois ans après sa mort. Il n’en aurait sans doute pas fait grand cas, mais elle lui aurait peut-être arraché un sourire, ou un ricanement.

(PS. Cherchant une illustration, je vois que le texte est disponible en ligne à cette adresse. On y trouvera les passages que je cite aux pages 153 (sur Paris), 76 sq (l'hôpital), 220 (la présentation), 226 (la pianiste), 228 (l'engueulade).

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