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Journal documentaire
5 février 2015

Lettre documentaire n° 500

BREVE HISTOIRE DU MACHISME, par Olavo de Carvalho.

Les femmes ont toujours été exploitées par les hommes. S’il est une vérité que nul ne conteste, c’est bien celle-ci. Des solennels amphithéâtres d’Oxford aux talk-shows télévisés, du Collège de France au carnaval de Rio, le monde entier réaffirme cette certitude, peut-être la moins mise en doute de toutes celles qui ont jamais traversé le cerveau humain, si tant est qu’elle ne soit pas directement passée des utérus aux thèses universitaires.
      Ne souhaitant pas m’opposer à une si auguste unanimité, je me propose de réunir ici quelques données qui pourront renforcer, chez les croyants de tous les sexes existants et à inventer, leur sentiment de haine envers le mâle hétérosexuel adulte, ce type exécrable à qui aucun individu, ayant eu le malheur de naître de sexe masculin, ne veut ressembler en grandissant.
      Notre histoire commence à l’aube des temps, à quelque période imprécise, entre Néandertal et Cro-Magnon. C’est dans ces heures sombres qu’a débuté l’exploitation de la femme. L’époque était dure. Les communautés humaines, vivant dans des grottes, étaient constamment ravagées par les attaques des fauves. Les hommes, profitant de leurs prérogatives de classe dominante, eurent tôt fait de se réserver les places les plus confortables et les plus sûres de l’ordre social : ces petits malins restaient à l’intérieur des cavernes, donnant à manger aux bébés et se peignant les cheveux, tandis que les pauvres femmes, armées de simples massues, partaient affronter les lions et les ours.
      Lorsque l’économie de cueillette fut remplacée par l’agriculture et l’élevage, les hommes réalisèrent encore un beau coup en assignant aux femmes les tâches les plus lourdes, comme de transporter des pierres, de dompter des chevaux, d’ouvrir des sillons dans la terre avec la charrue, tandis qu’eux-mêmes restaient bien tranquilles à la maison, peignant des poteries et jouant au tissage. C’est vraiment révoltant.
      Quand les grands empires de l’Antiquité furent dissous, laissant la place aux fiefs en guerre perpétuelle les uns contre les autres, ceux-ci formèrent des armées privées, entièrement constituées de femmes, tandis que les hommes restaient bien à l’abri dans les châteaux, à savourer les poèmes que les guerrières, entre deux combats, composaient en l’honneur de leurs charmes virils.
      Lorsque quelqu’un eut l’idée extravagante d’évangéliser le monde, rendant ainsi nécessaire d’envoyer sous tous les cieux des missionnaires, qui couraient le risque d’être empalés par les infidèles, égorgés par les bandits de grand chemin, ou trucidés par l’auditoire ennuyé de leurs sermons, ce fut encore aux femmes qu’incomba cette lourde tâche, tandis que ces messieurs se contentaient machiavéliquement de réciter des neuvaines devant les autels domestiques.
      Les malheureuses subirent une exploitation comparable, à l’occasion des croisades, lorsque, chargées de lourdes armures, elles traversèrent les déserts pour y être passées au fil de l’épée par les musulmans (ou plutôt par les musulmanes, car les disciples de Mahomet n’étaient pas moins machistes que nous). Sans parler des grandes navigations ! A la recherche d’or et de diamants, avec quoi parer leurs indolents compagnons, les braves navigatrices traversaient les sept mers et combattaient les féroces indigènes, qui parfois se les enfilaient mais uniquement – quelle misère ! – au sens gastronomique du terme.
      Enfin, quand l’Etat moderne institua le recrutement militaire obligatoire, ce furent les femmes qui constituèrent les troupes, avec peine de mort pour les désertrices et les récalcitrantes, tous cela pour que les hommes puissent rester chez eux à lire La princesse de Clèves.
      Depuis des millénaires, en somme, les femmes meurent sur les champs de bataille, charrient des pierres, construisent des bâtiments, luttent contre les fauves, traversent les déserts, les mers et les forêts, en sacrifiant tout pour nous, les mâles oisifs, qui n’affrontons pas de plus grand danger que celui de salir nos menottes avec les couches de nos bébés.
      En échange du sacrifice de leurs vies, nos héroïques défenseuses n’exigent rien de nous que le droit de parler fort à la maison, de percer quelques nappes avec la braise de leurs cigarettes et, éventuellement, d’égarer une paire de bas dans un coin du salon où il faut les chercher.

 «Breve história do machismo», parue dans le Jornal da Tarde du 16 août 2001, reprise dans le recueil O mínimo que você precisa saber para não ser um idiota (Editora Record, Rio de Janeiro, 2013, p 497-498) et ici traduite par Philippe Billé.
Sur le penseur brésilien Olavo de Carvalho, voir parmi ces sources.

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Commentaires
P
Merci, Laurent.<br /> <br /> Dicende, de qui est ce poème narquois?
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D
– Allons ! mes sœurs,<br /> <br /> aux orties la popote et la peur de pas plaire !<br /> <br /> À nous aussi leurs métiers<br /> <br /> ( et non à moindre salaire ! )<br /> <br /> à nous aussi leur droit de vote et de donner l’hostie.<br /> <br /> <br /> <br /> À ces mots,<br /> <br /> les restes de Verdun déforment ainsi l’écho :<br /> <br /> – À vous aussi les hécatombes,<br /> <br /> les classes en temps de paix,<br /> <br /> de remplir autant les geôles,<br /> <br /> les dortoirs dessous les ponts<br /> <br /> ou de claquer sept ans plus tôt<br /> <br /> bien qu’ayant mêmement cotisé.
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L
500 ? Bravo !
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