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Journal documentaire
30 décembre 2014

à bruxelles (3/5)

HGC_Papegaai_detail

Je m'éveillai ce matin-là sur le rêve que j'avais vu un extrait de film où Richard Bohringer jouait un rôle intelligent. Des proches, à qui je faisais part de cette nouvelle improbable, m'assuraient que je devais confondre avec quelque autre acteur lui ressemblant. La solution de l'énigme se trouvait au sein d'une énorme pile de courrier, que je n'avais pas encore commencé à examiner, et ainsi de suite, tout cela était bien laborieux.
Nous fûmes ce jour-là en bus au musée d'Ixelles, pour y visiter une exposition «Paul Delvaux dévoilé». Je ne connaissais jusqu'à présent ses oeuvres que par les reproductions, sur lesquelles au mieux certaines me paraissaient presque belles, mais après avoir examiné sur pièces le copieux assortiment de dessins, gravures et peintures présenté là, je me dis que cette imagerie, de femmes livides et pas très bien dessinées, dans des décors assez ridicules (antiquité d'opérette, gares de chemin de fer) n'est pas pour moi. Les deux oeuvres que j'ai préférées sont du genre post-impressionniste, un Port de Bruxelles (1922) et une Promenade à Rouge-Cloître (1923). Cette dernière (mais il en existe je crois plusieurs du même titre) montre une vue de forêt obscure, toute mêlée de verts sombres et de zones d'ombre, d'où se dégage à mes yeux un mystère plus attrayant que des pantomimes surréalistes avec femmes blafardes au regard vide.
Accessoirement, j'ai appris à cette occasion le nom flamand du rêve, de droom. L'abondance des mentions bilingues, noms de rue et autres, est appréciable pour un amateur d'étrangerie lexicale comme moi, car beaucoup de mots flamands me resteraient incompréhensibles si je les voyais isolés, alors que la traduction contiguë non seulement livre aussitôt leur sens, mais me permet en outre de les rapprocher de leurs équivalents dans les deux autres langues voisines dont je suis plus familier (l'allemand et l'anglais).
Nous rentrâmes d'Ixelles à pied. J'avais récupéré parmi les prospectus du musée deux cartes signalant une exposition intitulée «Papegaai / The Parrot» et figurant chacune une jolie peinture de perroquet (dont une de Rubens, montrant un de ces aras jaune et bleu que les Brésiliens nomment canindé) et par coïncidence ce fut dans ces rues que peu après, alerté par des cris inhabituels, j'ai vu passer un couple des perruches à collier, maintenant naturalisées dans la région.
Le trajet nous conduisait à traverser le quartier de Matongé, que l'on m'avait présenté comme une enclave africaine, et dont du coup l'aspect m'a quelque peu déçu, ou alors je ne suis pas passé dans les bonnes rues, car je n'avais sous les yeux qu'une ville de Blancs avec beaucoup de Noirs sur les trottoirs, comme on en voit maintenant un peu partout.
Sur le chemin du retour nous fîmes halte dans la cathédrale vouée à saint Michel et sainte Gudule. Elle présente un bel assortiment de grandes verrières anciennes, des XVIe et XVIIe siècles, dont un fascinant Jugement dernier, avec les corps blancs sortant de l'herbe, et une collection plus commune de vitraux du XIXe (ici d'un certain Capronnier). Tout autour de la nef étaient disposées des crèches offertes par les communautés catholiques de pays étrangers, parfois lointains, dont certaines charmantes, et d'autres réalisées avec plus de bonne volonté que de bon goût. Il y a dans cette église une magnifique chaire en bois, énorme et très ouvragée, figurant dans le socle Adam et Eve, et sur la rampe de l'escalier de gauche sont sculptés en haut un aigle, et en bas ce qui m'a paru être un perroquet (pour moi, donc, le cinquième de la journée).

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