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Journal documentaire
27 juillet 2014

chronique estivale (brocante à prissé-la-charrière)

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Le temps s'y prêtant, car ce dernier dimanche de juillet était le premier où l'on soit assuré qu'il ne pleuve pas, j'avais décidé de ne pas manquer l'occasion d'aller vendre à la brocante de la Charrière. Comme elle est de plus en plus courue, et immense, et qu'il est de plus en plus difficile de s'y trouver une place dans la partie historique, où l'on bénéficie de l'ombre fournie par de grands arbres, j'avais prévu de me lever à cinq heures et de m'y rendre dès que je serais prêt. De fait je m'éveillai à trois heures et demie et, après avoir tenté en vain de retrouver le sommeil, je me levai à quatre heures et fus sur place à cinq. Le parc était déjà bondé. Je trouvai par miracle à installer mes cinq mètres de tables sur une bande de gazon restée déserte, à un angle d'allées fort bien situé, au pied d'un grand if qui me donna de l'ombre presque toute la journée. C'était bien joué, mais moins par habileté que par chance. A vrai dire je me sens un peu moins courageux chaque année pour pratiquer ce sport, mais enfin j'y trouve quand même quelque charme, et puis mes revenus réguliers ne sont pas tels que je doive négliger de leur apporter un complément par ce biais. Evidemment ce genre de petit commerce fatigant et peu rentable est intéressant surtout pour quelqu'un comme moi, aux habitudes frugales, pour qui un sou est un sou. Je mesurais naguère tout ce qui peut séparer ma condition de celle d'un trentenaire comme Otto, le fils aîné de Bruno, dont celui-ci me racontait l'autre jour qu'il gagne si bien sa vie en jouant au poker, qu'il pouvait se permettre de prendre des vacances, récemment, était-ce à Chypre ou dans quelque autre île de la Méditerranée, dans un établissement où le seul petit-déjeuner coûtait 70 euros. Ce chiffre m'est resté en mémoire, et j'y ai repensé assez souvent pour m'en servir maintenant comme d'une unité de compte : l'équivalent petit-déj-Otto. En attendant, la journée ne s'est pas mal passée. Mon aide de camp m'a rejoint en fin de matinée. Elle apportait les restes des trois pizzas, et a passé le reste du temps à jouer à la marchande en ma compagnie. Il y avait non loin ce couple étrange, qui est de toutes les brocantes, formé d'un homme d'allure primitive, aux yeux petits et aux mâchoires énormes, mal assorti d'une assez jolie blonde. J'ai eu le plaisir de retrouver, pour la troisième ou quatrième fois, un horticulteur d'Ensigné, avec qui nous discutons d'arbres. C'est un botaniste chevronné, qui sait nommer les plantes par le nom latin et connaît bien la chimie des sols. Il y a toujours, parmi le flot de clientèle populaire, deux ou trois dandys intellos friqués, qui m'achètent les meilleurs livres. J'avais apporté cette fois parmi mes caisses, une qui ne contenait que des ouvrages en anglais, et j'ai pu en vendre plusieurs, tant le lectorat potentiel reste abondant dans la contrée. Favorisé par Mercure, j'ai réussi à écouler une assez bonne quantité de livres, de bibelots et d'ustensiles (vase, plats, capsules, monnaies, cartes postales, boîte à oeufs, calendriers, disques, coquetier, spatule, faisselles, tournevis, carafe, balle de tennis!, catadioptres, scie, couette, ciseaux, vieilles clés rouillées, etc) pour gagner, sauf erreur, quelque chose comme 139,20 euros. Pas mal : presque deux équivalents petit-déj-Otto. Et le soir nous dînâmes de côtes barbecuites, avec salade de saison.

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