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Journal documentaire
12 juin 2014

triste moineau

levigan

En cherchant à me renseigner, voilà deux ans, sur l'exil de Le Vigan dans la ville de Tandil, en Argentine (voir au 24 IV 2012), j'avais appris la parution en 2009, dans la même ville, d'un livre consacré au sujet par une certaine Mariana Rodríguez. Sur le moment je n'ai pas ménagé mes efforts pour essayer de me procurer cet ouvrage intitulé Triste gorrión (triste moineau) et sous-titré Memorias de Robert Le Vigan, Entre el actor famoso y el anciano exiliado (de l'acteur célèbre au vieillard exilé), mais ce fut en vain. Le document était si introuvable et l'auteur si injoignable que j'y ai bientôt renoncé. Il y a quelques semaines, cependant, ayant reparlé de cette histoire à une amie, elle a découvert et m'a fait savoir que Triste gorrión avait depuis lors été numérisé et mis en ligne, de sorte que j'ai pu en prendre connaissance. J'étais bien aise de satisfaire enfin ma curiosité mais je n'ai pas trouvé là autant que je m'y attendais. Ce bizarre petit livre auto-édité de 86 pages, dont l'auteur se prénomme Mariana en couverture et María Ana en page 2, est divisé en neuf chapitres. Cinq d'entre eux présentent un résumé historique de la vie de Céline et de Le Vigan, de leur cavale en Allemagne, puis de l'arrestation et de l'exil de l'acteur. Ces données puisées à d'autres sources ne sont pas transmises avec grand soin (Céline aurait écrit Voyage a bout du nuit, et Vichy serait une «ville côtière»). L'auteur ne nie pas les torts de Le Vigan, notamment son antisémitisme, ah ça, mais lui conserve toutefois sa sympathie. Il y a parmi ces pages, en parallèle avec l'Occupation de la France, une juste remarque sur la dictature militaire des années 70 en Argentine : «Ceux qui ont quitté le pays ne l'ont pas tous fait pour des raisons politiques et ceux qui y sont restés n'étaient pas tous des sympathisants de la junte» (p 34). Trois autres chapitres sont des sortes de nouvelles, où Le Vigan apparaît comme une silhouette fugitive et fantomatique. Un enfant voit le vieillard taciturne promener son petit chien Cucuní, circuler à vélo avec sa cape noire qui flotte derrière lui, ou lire attentivement les noms cités sur des affiches de cinéma. Le passage le plus personnel est celui où la narratrice se souvient d'avoir vu l'acteur venir chez la dame qui lui donnait des cours de français, quand elle était enfant. A un moment le vieillard fume la pipe adossé à une tapisserie, dont le dessin forme comme les ailes d'un ange dans son dos (p 57). Enfin le dernier chapitre reproduit un article nécrologique paru en 1998 dans le journal Tiempos tandilenses, où une artiste locale, Angeles Unzué, évoque le souvenir de Le Vigan, sans donner beaucoup de détails concrets, mais en rapportant quelques propos qu'il aurait tenus, dont celui-ci : «Mon meilleur ami a été Marcel Aymé. Céline aussi a été mon ami, mais lui ne me respectait pas» (p 73).

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