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Journal documentaire
6 février 2014

aujourd'hui je rumine

img016Un homme de mon âge, et qui gagne assez mal sa vie, mais qui n'a pas vraiment travaillé avant trente-six ans, lit sans surprise, chez l'un des auteurs cités l'an dernier, qu'«une jeunesse oiseuse produit une vieillesse nécessiteuse». C'est bien le cas. Mes gages de commis dans l'administration (où je ne sers, il est vrai, que quatre jours par semaine) n'atteignent pas même le seuil de pauvreté, de sorte que je dois encore trafiquer pendant mes heures de loisir, pour trouver un peu d'aisance. Ainsi donc, moi qui suis partisan des fourmis, je n'ai guère fait mieux qu'une pauvre cigale. Et quand je lis encore, chez un autre cité, que «chacun trouve dans la vie la place qui lui revient», cela finit de m'accabler.

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Commentaires
P
Ils ne sont pas "bien" différents, ils sont légèrement différents aujourd'hui, et ne l'étaient guère jadis (Oihenart écrit au XVIe) ayant du reste la même origine. Alors vous allez pas commencer à lapinailler...
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L
"Oiseuse" et "oisive" sont bien différents.
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P
La phrase de Jünger fut écrite à Bourges le 24 juin 1940.
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P
C'est mieux que Mélenchon, sans conteste (et sans mal!).<br /> <br /> Merci de cette contribution, cher lecteur.<br /> <br /> Vous m'étonnez un peu, en assurant que Sartre est détesté à gauche, mais vous avez l'air d'en savoir plus que moi, sur la question.<br /> <br /> Je ne manquerai pas de rechercher cette citation, lors de mon prochain passage dans mon hacienda. Je serai curieux de relire son contexte, du coup.
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D
Je crois qu'il convient de distinguer entre le « jeune Sartre », jusqu'en 1950 à peu près, et la caricature de gauchiste effectivement furieux juchée sur son bidon vingt ans plus tard. Sartre est un cas complexe. Certains ont parlé, sûrement à juste titre, de « détournement de vieillard » à propos de ses sympathies maoïstes des années 70. Dans L'être et le néant ou les Cahiers pour une morale, il y a quantité de choses passionnantes dont beaucoup feraient hurler d'horreur tout gauchiste soixante-huitard ou postérieur. Le jeune Sartre n'aimait pas beaucoup les victimes. Ce décalage avec la pensée de gauche contemporaine, si on peut l'appeler pensée, est un des signes permettant d'évaluer combien le spectre idéologique a glissé depuis l'après-guerre. A glissé sur quoi, d'ailleurs ? Je ne sais.<br /> <br /> <br /> <br /> Un des autres signes possiblement en faveur de Sartre est qu'il est aujourd'hui détesté d'à peu près tout le monde, gauche, droite et le reste. Bon, le dénigrement quasi universel n'est sûrement pas la garantie d'être intéressant, mais enfin.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour revenir à la belle phrase de Jünger (oui, je veux bien connaître la référence), au balayage par les événements ou, plus généralement, aux déterminismes et contraintes de l'existence, voici un passage de L'être et le néant que je trouve d'une certaine beauté :<br /> <br /> « L’homme ne rencontre d’obstacle que dans le champ de sa liberté. Mieux encore : il est impossible de décréter a priori ce qui revient à l’existant brut et à la liberté dans le caractère d’obstacle de tel existant particulier. [...] Ce rocher ne sera pas un obstacle si je veux, coûte que coûte, parvenir au haut de la montagne ; il me découragera, au contraire, si j’ai librement fixé des limites à mon désir de faire l’ascension projetée. Ainsi le monde, par des coefficients d’adversité, me révèle la façon dont je tiens aux fins que je m’assigne ; en sorte que je ne puis jamais savoir s’il me donne un renseignement sur moi ou sur lui. »<br /> <br /> <br /> <br /> C'est quand même mieux que Mélenchon.
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