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Journal documentaire
29 septembre 2013

la petite mendiante

P1010545Lorsque je vais passer le week-end à la Croix, je m'y rends dès le jeudi soir, et je ne manque pas d'aller, le vendredi matin, au marché de Loulay, où je ne manque pas d'acheter, à l'écailler de Fort-Boyard, une livre de moules. Je m'en régale dès midi, si possible en écoutant quelque beauferie, genre les GG sur Radio-Monte-Carlo, pour compléter ma joie. En mangeant les moules, je mets de côté les minuscules crabes (les «chancs», dit-on ici) que certaines recèlent. Je les destine à la petite chatte qui vient mendier, je les lui offre à la première occasion où elle repasse par là, en lui disant tiens donc, ça te fera de l'iode, pour ton petit métabolisme (j'ai renoncé à la vouvoyer). C'est un extra qu'elle apprécie, mais l'ordinaire ne manque pas. Malgré mon économie austère, j'entretiens pour elle un petit stock de vivres, comme je le faisais aussi pour les deux autres mendiantes qui, avant celle-ci, venaient pareillement se faire entretenir. Souvent, lorsque j'arrive ici, je n'ai pas le temps de couper le moteur, qu'elle est déjà en train de tourner autour de la voiture. D'autres fois elle est plus tardive. Mais il est assuré que si j'entrouvre la porte entre six et sept heures du matin, elle se faufile aussitôt et file directement vers la cuisine, qui est la pièce la plus intéressante de la maison, à ses yeux. En ce début de journée, je lui donne d'abord un sachet de pâtée en sauce, qu'elle dévore sans traîner. Je dis «d'abord» parce que, toute menue qu'elle soit, ça ne suffit pas à la caler. Mais je ne lui donne ensuite, et aux autres moments où elle revient pimer, que des croquettes, dont elle doit se contenter. Je lui accorde aussi, pendant le week-end, un flacon de cat milk. Elle en raffole, je le lui sers par petites tasses, qu'elle se siffle en apnée. J'ai de l'amitié pour cet animal. La réciproque paraît moins sûre. Elle m'est surtout attachée pour autant que je la nourris, et disparaît dès qu'elle est repue. Quelquefois cependant elle a aussi besoin d'affection et quémande des caresses. T'es ma petite bichette, tu sais, lui dis-je alors, car je lui parle maintenant sur un ton assez familier. A l'occasion, pour plaisanter, je lui rappelle l'âpreté de nos premiers contacts, quand elle était bien plus farouche. Tu te souviens que tu pouvais pas me piffer, avant? lui demandé-je, mais elle voit bien que je ne lui en tiens pas rancune. Au contraire de ses devancières, cette chatte n'essaie guère de s'incruster. Elle ne s'installe pas près du feu, ou sur une chaise ou un fauteuil, mais disparaît sans s'attarder. Cette disposition me convient tout à fait, car j'aime bien la compagnie, mais j'aime également qu'on me foute la paix.

(N'ayant toujours pas d'appareil photo, je me ressers pour illustrer cette note d'une photo prise il y a peut-être trois ans)

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