le désastre des robinets de bourrin
Une des réalisations de la technique moderne, qui me satisfait le moins, ce sont ces nouveaux robinets, appelés je crois mitigeurs, grâce auxquels on peut faire couler de l'eau à la température voulue, ce qui est un avantage, certes, mais j'ai remarqué qu'en général ces appareils sont actionnés par un levier, qui est loin d'avoir la souplesse des anciens robinets que l'on tournait. Toute la différence de finesse entre les deux mécanismes tient à ce que l'ancien se manoeuvrait avec les doigts, le nouveau avec le poignet. Comme ces leviers tendent à libérer tout de suite un fort jet d'eau, et comme il est souvent difficile d'obtenir un débit subtil, je les appelle par devers moi des robinets de bourrin. Et force est de constater, depuis des années, non seulement dans les maisons où je passe, mais y compris chez moi-même, où je m'en suis fait fourguer un à l'occasion d'une réparation, force est de constater, disais-je, que le robinet de bourrin progresse terriblement à travers le monde moderne. La bourrinitude gagne (y compris dans d'autres domaines, d'ailleurs) et je ne vois guère se créer la moindre ligue, qui s'élèverait contre ce désastre. C'est pourquoi j'essaye d'alerter l'opinion comme je peux, même avec mes faibles moyens. Ah, j'y pense, il y a aussi ces nouvelles sortes d'ampoule, qui éclairent assez bien, un quart d'heure après qu'on a appuyé sur le bouton. Le progrès me paraît mitigé, là aussi.