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Journal documentaire
14 août 2013

journal de non-voyage, 18

Ld3Il est devenu si rare que je sois cité publiquement, que j'étais bien étonné en découvrant ce matin l'entrée que me consacre, sous le titre «reproduction interdite», le blog majorquin 10.000 humans (voir ici). Pour l'essentiel, on y reproduit quelques extraits bien choisis de mes Lettres documentaires des années 90. J'ai plaisir à les revoir. Je suis content de retrouver en particulier un mien collage, «Tienes razón», que j'ai toujours aimé, les meilleurs étant les plus simples. Les éditeurs se sont fendus en outre d'un paragraphe de commentaires qui m'intéresse vivement, mais comme «this blog is written in Catalan», je n'en saisis qu'imparfaitement le sens. Je crois lire que l'on m'y présente comme appartenant «à une certaine aristocratie de l'indifférence, de tempérament plus réactionnaire que décadent, aussi caustique qu'exempt de véritable vocation au mal». A moins qu'un catalaniste de mes lecteurs ne m'apporte son aide, mais je n'y crois pas trop, il me faudra attendre le mois prochain pour y voir plus clair, à l'aide d'un dictionnaire, lorsque j'aurai rejoint la civilisation.
Je n'ai rien fait de bien notable dans la matinée. J'ai déjeuné du reste de ma salade très composée, auquel j'ai encore ajouté des morceaux de calamar dans leur encre. Et j'ai encore sifflé du vin sud-africain.
Dans l'après-midi j'ai d'abord avancé jusqu'à Asnières la Giraud, où j'ai offert à Emmaüs un sac et cinq caisses de livres et de divers objets, que je renonce à essayer de vendre. Pour ce faire j'ai dû pénétrer dans l'immense entrepôt situé au sous-sol du magasin, et où l'on entre par l'arrière du bâtiment. Cette caverne d'Ali Baba plongée dans la pénombre était très excitante, mais j'ai à peine osé promener le regard sur les énormes amoncellements d'objets qui occupaient l'espace de toute part.
Au retour j'ai fait escale dans le vieux Saint-Jean, où je ne vais presque plus. Je voulais revoir certains points cardinaux de mon histoire ancienne, et même de ma préhistoire. Tout d'abord le 6 rue des Jacobins, qui doit être l'adresse où se trouvait l'épicerie que mes faux grands-parents Poinot tenaient avant ma naissance. C'était, d'après ma mère, une épicerie fine, et le commerce battait de l'aile, car la clientèle du terroir n'était elle-même pas assez fine. Le local est maintenant occupé par une entreprise fournissant des portes, fenêtres et... volets. Il est situé juste en face de l'endroit où aboutit la rue Gambetta, qui s'élargit là en une petite place maintenant occupée par des terrasses de café, et ombragée par des troènes. Je n'ai pas beaucoup le goût de ce genre d'arbres, mais les spécimens en place sont remarquables, car il est rare que l'on en trouve avec ce volume de tronc et de ramure. J'ai ensuite revu, sur le trottoir opposé, le numéro 13 de la même rue des Jacobins, où les Poinot ont possédé, après l'épicerie, une teinturerie, jusqu'à leur retraite. Pendant mes quatre premières années d'existence, nous habitions la maison située à l'arrière du magasin, et qui s'ouvrait de l'autre côté sur une voie parallèle, la rue de l'Echelle. C'est maintenant une auto-école qui est installée à la place de l'ancien magasin. Il était séparé de la maison de derrière par une cour, que j'aimerais beaucoup revoir. Enfin je suis allé dans ladite rue de l'Echelle, revoir cette façade arrière. Il doit s'agir du numéro 12. La maison est maintenant en vente, d'après un panneau. C'est d'une de ces fenêtres qu'un beau jour, selon une anecdote cent fois racontée, je lançais mes jouets à des soldats américains, encore stationnés dans les parages, qui passaient par là. Et en repartant je suis encore passé, mais en voiture, devant le 24 boulevard Lair, où ma mère et les Poinot ont demeuré avant de s'installer au magasin.
J'ai fini la journée en flemmardant et en téléphonant. Pour dîner, j'ai enfin terminé mon interminable salade, avec encore une tranche de melon vert et une de jambon blanc.

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