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Journal documentaire
23 mai 2013

évocation de dominique venner

vennerComme j'avais quelques courses à faire, mardi soir en débauchant, la radio de la voiture m'a appris par épisodes que quelqu'un s'était suicidé dans Notre-Dame de Paris, puis que c'était un «militant d'extrême droite» (on sent tout de suite que ça veut dire un fou furieux dont il ne faut surtout pas essayer de connaître les idées), enfin qu'il s'agissait de Dominique Venner, à ma grande surprise. En retrouvant internet le lendemain matin, et en y lisant les réactions de ceux qui connaissaient suffisamment l'homme pour savoir qu'il n'était pas un simple dingo, j'ai pu voir que la stupeur était générale, même si, dans le fond, le geste cadrait assez bien avec le personnage. Pour ma part je me suis rappelé certain article de lui, qu'il avait consacré au suicide comme geste aristocratique, citant les exemples de Drieu, de Mishima et de je ne sais plus qui. Venner avait ceci de remarquable que c'était à la fois un homme d'action, chasseur et ancien soldat, et un intellectuel de haut niveau, historien et essayiste, auteur de dizaines de livres, dont il se trouve que je n'ai lu aucun, bien que plus d'un titre m'attire. Je ne connaissais son écriture limpide que par la presse, ayant été des années fidèle lecteur de la Nouvelle Revue d'Histoire, qu'il avait créée, et dans laquelle il donnait ici et là des articles et chaque fois l'éditorial. J'ai beaucoup appris dans les pages de cet excellent bimestriel, que j'ai cessé de lire il y a peut-être deux ans, à regret, pour la seule raison que l'indigence de mes rentes me contraint à des manières frugales. A propos d'«extrémisme», je me rappelle que la revue publiait dans chaque numéro un entretien avec un historien pas forcément ultra, par exemple, de mémoire, des gens comme Max Gallo ou Bartolomé Bennassar. La mort de Dominique Venner m'intrigue. J'ai toujours du mal à croire au suicide pour des idées (en l'occurrence la mélancolie devant la décadence de la civilisation), c'est comme les suicides de chômeur, je me dis qu'il doit quand même y avoir autre chose dans l'âme d'un homme qui arrive à cette extrémité. S'agissant d'un vieillard de 78 ans, je suppose que même s'il n'est pas à l'article, il est de toute façon assez confronté à l'échéance de la déchéance pour que la disparition lui paraisse tentante, plus encore s'il a le privilège de connaître les armes à feu, qui facilitent les choses. Quant au choix du lieu, il est curieux que cet agnostique, d'inspiration plutôt gréco-romano-celtique et non judéo-chrétienne, ait choisi la cathédrale de Paris, pour laquelle il admet cependant ressentir de l'admiration. Sans adhérer à la foi, il pouvait voir en elle l'image d'une certaine grandeur occidentale traditionnelle. Je ne crois pas beaucoup non plus au service que le suicide rendra à ses idées. On peut se demander s'il n'y a pas eu de la coquetterie, dans la volonté de faire un tel coup d'éclat. En tout cas il est certain que s'il s'était discrètement flingué à domicile, ou au coin d'un bois, on n'en aurait guère entendu parler dans la médiaterie. Quoi qu'il en soit, c'est un homme de qualité, qui vient de nous quitter. Et comme on dit dans les chaumières latinistes, raptor non erat : c'était pas un rappeur.

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Commentaires
L
Le suicide de Drieu est bien peu idéologique : il lui évitait d'avoir à subir la ruine de son corps, qui le traumatisait, ou d'être trucidé par des résistants. D'ailleurs le paganisme de Drieu est assez foutraque, comme celui de Nitche.<br /> <br /> Quant à Mishima, c'est un Japonais, et le Japonais est plus masochiste encore qu'une nonne espagnole. Le respect de la société, même dans l'état de vieille putain, est si fort chez le Japonais que le suicide peut lui paraître un grand soulagement.<br /> <br /> J'ai été surpris comme vous par le suicide de Venner, ayant lu quelques-uns de ses bouquins et ne le croyant pas aussi naïf (mais sans doute vaniteux, comme tous les soldats quand ils ne sont pas alcooliques).<br /> <br /> D'ailleurs vous avez raison, les hommes en bonne santé n'ont pas d'idées, parce qu'ils sont en bonne santé. Les aristocrates ont besoin de la musique, montre Shakespeare, afin de soigner leur folie.
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