Bs As
J'ai passé une soirée à feuilleter un recueil de textes d'un écrivain argentin, Estampas de Buenos Aires, paru dans ladite ville en 1946. Dans cet album de grand format je n'ai rien lu car j'étais seulement attiré par les illustrations, des dessins à la plume me semble-t-il, dus à une certaine Marie Elisabeth Wrede. Il y avait là de belles vues de la capitale, de ses avenues et de ses parcs. Mon attention était retenue en particulier par les images où le paysage comprenait à la fois des éléments urbains modernes, comme de grands édifices, et des lambeaux de la campagne survivante, une maisonnette devant laquelle est attaché un cheval, une ligne de barbelés, des poules, un petit pont. Un aspect ingrat dans la conception de ce livre est que les dessins sont disposés tantôt verticalement, tantôt horizontalement, ce qui m'obligeait à manoeuvrer sans cesse le grand volume, mais j'étais ému de promener mes doigts et mon regard sur les pages qui n'avaient encore jamais reçu d'autre visiteur, puisque j'avais dû les couper pour les ouvrir. Le style des dessins n'était pas tout à fait à mon goût, manquant de la fermeté de trait ou de la précision qui les aurait rendus parfaits, malgré quoi ils possédaient une petite qualité d'envoûtement indéniable et qui m'a fait passer un bon moment.