l'entassement qui vient
Le peu que j'ai aperçu de la Belgique, en me rendant à Bruxelles cet hiver, me paraît conforme à ce que l'on peut en savoir par ailleurs. C'est un pays bondé, la densité démographique y est l'une des plus fortes d'Europe, la même qu'au Japon. A vrai dire la Belgique entière se transforme en une immense zone urbaine, les anciennes villes n'y sont plus que des centres-villes, séparés par d'interminables banlieues plus ou moins homogènes, laissant encore voir çà et là quelques malheureux lambeaux de campagne. Ce qui m'afflige le plus dans le triste état de ce pays, où je n'ai pas à vivre, c'est la conviction d'y voir le proche avenir du mien. En France également la campagne recule partout, je le constate à chacun de mes déplacements vers les départements voisins. Partout les maisons poussent au long de routes qui deviennent des rues, partout les moindres villages sont précédés et suivis de lotissements de construction récente ou en cours, et il est de plus en plus rare de trouver un coin du paysage d'où l'on n'a pas vue sur des bâtiments. Pendant ce temps les humanistes applaudissent à chaque annonce des progrès du peuplement, ils exigent sans cesse la construction de nouveaux logements, et réclament que la loi permette d'empiler des étages en plus grand nombre. Et chaque fois que la population s'accroît, par natalité ou immigration, c'est-à-dire chaque jour, c'est un nouveau pas que nous faisons vers le désastre de l'entassement.