verbes de couleur
Des remarques lues chez Jünger m'amènent à considérer les verbes dérivés des noms des couleurs. Il en existe en français toute une série, pouvant avoir le sens passif de prendre une couleur, ou le sens actif de la donner. Ils s'appliquent naturellement aux couleurs de base (rougir, jaunir, bleuir, verdir, blanchir, noircir) mais aussi à quelques couleurs secondaires (rosir, brunir, griser) et à des teintes métalliques (argenter, dorer, cuivrer, bronzer). On observera dans cette série que les trois couleurs primaires (ou parfois tenues pour telles) soit le jaune, le rouge et le bleu, ont toutes un verbe associé, mais que parmi leurs trois intermédiaires, seul le vert en est doté, et non le violet, ni l'orange (bien que la variante "orangé" ait un air de participe, qui supposerait un verbe "oranger"). Je constate qu'il existe aussi des verbes possédant le sens très particulier de rayonner d'une certaine couleur, avec peut-être une idée de luminosité, mais je n'en trouve que deux exemples : rougeoyer et verdoyer. Ce privilège du rouge et du vert suggère que les deux couleurs, qui sont celles du feu et de la forêt, celles de l'herbe et du sang, possèdent une importance primordiale, un pouvoir spécial.