Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal documentaire
29 décembre 2011

bruxelles

mediumJe reviens de passer quatre journées à Bruxelles, entre le soir du vendredi 23 et le mercredi 28 au matin. Je n'ai plus moi-même le goût des voyages, mais je faisais ce déplacement pour accompagner une faible femme de ma connaissance, qui allait là-bas rendre visite à sa fille. Nous étions reçus dans la banlieue de Jette, au douzième et dernier étage d'un grand immeuble de petits logements.
La vue depuis la terrasse offrait un vaste panorama de la ville, d'où se détachaient sur la gauche les projecteurs du Heysel et les boules enguirlandées de l'Atomium, sur la droite la basilique de Koekelberg. Ce vaste édifice, paraît-il le quatrième plus grand bâtiment chrétien au monde, me plaisait de loin par sa silhouette néo-byzantine majestueuse, et plus encore par réaction au petit paragraphe infect que lui consacre le Guide du routard, feuilleté un moment. Entre les toits autour de chez nous volaient quelques pies et corneilles parmi une foule de mouettes, probablement de l'espèce dite rieuse.
Je connaissais à Bruxelles trois correspondants que je n'ai jamais rencontrés en personne et je pensais en profiter, mais l'un d'eux était parti en vacances, un autre n'avait pas l'air bien disposé, et du coup je n'ai pas osé contacter le troisième, ce qui a simplifié ma vie sociale.
Dans les rues et dans les transports, nous étions surpris par le grand nombre de personnes étrangères ou d'origine étrangère, si bien que nous éprouvions parfois la sensation de notre propre étrangeté moins comme des Français chez les Belges, nos semblables, que comme des Européens isolés parmi une majorité d'Exotiques.
Lors de ma seule précédente venue dans cette ville il y a plus de vingt ans, j'avais déjà vu la Grand Place, qui m'a paru cette fois-ci moins grande mais plus belle que dans mon souvenir. J'ai découvert deux autres places charmantes, celle du Petit Sablon (un square à statues) et celle du Grand Sablon. Entre les deux, Notre-Dame du Sablon, la seule église où j'ai eu l'occasion de noter des signatures de verriers, jusqu'alors inconnus de moi, Camille Ganton-Defoin et Louis-Charles Crespin.
Au cours d'une promenade dans le parc de Laeken, par temps maussade, nous avons pu contempler une série de bâtiments remarquables, de styles très différents : le bizarre Atomium, le mémorial néo-gothique à Léopold Ier, les Serres royales, un pavillon dans le goût chinois et une tour japonaise. J'ai eu pendant cette marche la meilleure surprise du voyage, en remarquant la présence de Perruches à collier (Psittacula krameri). Je savais que quelques colonies de ces oiseaux afro-asiatiques d'un beau vert, longs d'une quarantaine de centimètres, se sont naturalisées en quelques points de l'Europe, mais je n'en avais jamais vu. Il y en avait aussi dans les autres parcs de la ville où je suis passé.
J'ai visité une supérette Delhaize qui ne m'a pas fait bonne impression, mais j'ai bien aimé le supermarché Delhaize de l'avenue de l'Arbre Ballon, assez grand sans être immense.
J'ai failli lire une bande dessinée d'Enki Bilal, Animal-z (Casterman, 2009) qui s'ouvre sur une citation ridicule de Jean Baudrillard et se poursuit par une histoire qui ne m'intéressait pas. Je trouvais les dessins talentueux mais insipides, et il manquait peut-être un scénariste.
J'ai examiné plusieurs fois le bel album de Shaun Tan, au titre français un peu pompeux de Là où vont nos pères (The arrival, 2006, Dargaud, 2010). C'est une bande dessinée sans paroles racontant des scènes de la vie d'un émigré. Il ne s'agit bien sûr pas du genre d'émigré parasite arrogant hostile auquel les esprits chagrins pourraient songer. C'est tout au contraire un type à la bonne mine (tout simplement les traits de l'auteur australien lui-même, me semble-t-il), l'air si humble et bien disposé, avec son petit chapeau et sa petite valise. Ce thème de bon ton est alourdi par quelques tendances enfantines, comme la représentation d'animaux domestiques sous la forme d'espèces de Mickeys futuristes, ou l'habitude du personnage d'établir de bonnes relations en fabriquant des cocottes en papier. Malgré toute la niaiserie que l'on peut trouver à la pelle, j'admire la qualité brumeuse des illustrations, notamment des paysages visionnaires et des portraits.
J'ai abandonné pendant deux jours les journaux de Jünger pour dévorer un passionnant "page turner" que l'on avait eu la gentillesse de m'offrir, à savoir L'instinct de mort, les mémoires de Jacques Mesrine, sans cesse réédités depuis leur première parution en 1977, maintenant en Pocket. Malgré mon peu d'attirance pour le personnage, j'étais depuis longtemps curieux de lire ce document. Je ne sais si l'auteur s'est fait aider ou revoir. Le style n'est pas ouvragé mais très clair, c'est assez réussi sur ce point. Le bonhomme était malin, d'esprit très vif, hardi, brutal, parfois même cruel. Il y a quelques rares passages philosophiques dans lesquels bizarrement il semble balancer, essayant tantôt de se trouver des justifications (les traumatismes, la vilaine Société, la prison école du crime et tout le bataclan habituel), tantôt avouant sincèrement sa responsabilité, son goût pour le genre de vie qu'il a bel et bien choisi à ses risques et périls. Je n'y trouve rien d'exaltant, mais le récit est sans aucun doute fascinant.
A part ça, je suis très satisfait de n'avoir pas vu l'agaçant Manneken Piss, qui pérorait déjà suffisamment sur tous les présentoirs de cartes postales.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
M'est avis que le malin bonhomme était de taille à l'écrire tout seul. 1977, si je me souviens bien, c'était Lattès, que Mesrine avait menacé d'abattre au fusil à pompe s'il ne lui versait les droits d'auteur... (Lettre en papier non piégée la semaine prochaine.)
Répondre
Journal documentaire
Publicité
Journal documentaire
Archives
Publicité